Contribution

SEMMAR, LE RETARDATAIRE

Abdou Semmar nous apprend que Walid Sadi, actuel ministre algérien de la Jeunesse et des Sports depuis le 18 novembre 2024, fut auparavant président de la Fédération algérienne de football (FAF), la plus puissante instance sportive du pays. Ce dernier avait déjà intégré le bureau fédéral de la FAF dès 2009, gravissant progressivement les échelons jusqu’à rejoindre les plus hautes sphères du pouvoir. Mais derrière cette carrière bien connue, une autre facette beaucoup plus discrète de Walid Sadi se dessine : celle d’un homme d’affaires prospère en France. En effet, selon les investigations d’Algérie Part, il ferait partie des vingt hauts responsables du gouvernement de Tebboune identifiés par les autorités françaises comme détenteurs d’un patrimoine immobilier ou financier en France. Son parcours entrepreneurial démarre en 2010, lorsqu’il fonde à seulement 30 ans la société MATEXIM, spécialisée dans l’exportation de matériel et de matériaux de construction (engins BTP, camions, ciments, marbres, carrelages, etc.).

Mais, au fond, que nous apprend réellement ce « marteleur de clous  » ? Rien de bien nouveau, si ce n’est que le système algérien fonctionne, comme tant d’autres, selon les principes du libéralisme économique. Ce débat autour de l’origine des fortunes, des déclarations fiscales, ou des investissements à l’étranger relève, en vérité, de l’administration locale. Point final. Et puis, faut-il s’en offusquer ? Après tout, ce comportement est désormais la norme dans une grande partie du monde. Trump est milliardaire, Macron vient de la finance… Et ce sont bien eux qui nous ont appris cette manière de faire ! Pourquoi donc s’étonner que des élites algériennes reproduisent ce modèle ? Ce « mesmar », comme le surnomme certains, croit dénoncer un système alors qu’en réalité, il est complètement à la traîne. L’Algérie d’aujourd’hui a changé — et de manière spectaculaire.

Si l’on venait demain à nous dire que le président lui-même possède des biens à l’étranger, une partie du peuple s’en réjouirait presque : preuve que nous aussi, nous avons rejoint le concert des nations capitalistes ! La Chine n’hésite pas à afficher ses milliardaires avec fierté… où est donc le problème ? La vraie question est ailleurs : pourquoi certains sont-ils toujours à contretemps ? Tels ces coureurs maladroits, tellement lents qu’ils croient doubler les autres, alors qu’ils sont en réalité dépassés par ceux qui les précèdent déjà depuis longtemps. Pauvre journalien… que même grand-mère aurait fait mieux !

La rédaction