BAC ET BEM A MOSTAGANEM: 100 % de réussite des candidats pensionnaires des établissements pénitentiaires
La politique d’insertion initiée par l’Etat au profit des pensionnaires des établissements pénitentiaires s’est traduite dans la wilaya de Mostaganem par des « résultats brillants » dans les examens du baccalauréat et du brevet d’enseignement moyens (BEM) avec un taux de réussite de 100% des candidats, ont affirmé les responsables chargées de ces établissements. Cette stratégie, dotée des conditions nécessaires à l’intérieur de ces établissements, a encouragé les pensionnaires à poursuivre leur scolarité et leur formation dans la perspective d’une meilleure réinsertion au sein de la société, ont-ils souligné. Une visite de deux établissements de rééducation « Sidi Othmane », dans la commune de Sayada, et dans la commune d’Aïn Tédelès, coïncidant avec la proclamation des résultats des examens du baccalauréat, a permis à l’APS de constater de visu les contours de ce système qui a prouvé son efficacité. Les pensionnaires des deux établissements ont réalisé un taux de réussite de 100 pour cent aux examens du BEM et du BAC. Au niveau de l’établissement de rééducation « Sidi Othmane » à Mostaganem, les contours de ce système sont perceptibles à travers les activités auxquelles s’adonnent les pensionnaires, notamment l’éducation qui occupe le premier rang, viennent ensuite les métiers, les travaux manuels et le sport. Benhamzi Kamel, directeur de cet établissement, confirme l’importance accordée à l’insertion sociale pour forger la personnalité des détenus et les préparer pour l’après sortie de prison, sans tenir compte des fautes qu’ils ont commises. Dans la foulée, il a affirmé que l’Etat veille à ce que tous les moyens nécessaires soient fournis pour rééduquer le pensionnaire de l’établissement pénitentiaire dans le cadre d’une mise à niveau à travers des activités bénéfiques pour l’avenir. Au sein de cet établissement, entré en service en 1985, plusieurs activités s’offrent aux pensionnaires, dont l’enseignement et la formation professionnelle assurée dans des ateliers de menuiserie, de ferronnerie et de travaux agricoles, selon le même responsable. S’agissant de l’enseignement et de l’éducation générale à tous les niveaux, le nombre d’inscrits a atteint cette année plus de 310 pensionnaires, en plus de 43 apprenants dans la section d’alphabétisation. La formation professionnelle emballe plus de 200 pensionnaires dans six filières dont celles de l’informatique et de sculpture sur bois. L’établissement oeuvre également à organiser d’autres activités de loisirs, à l’instar des concours de mathématiques, d’idées et scientifiques, pour permettre aux pensionnaires de meubler leur temps et l’exploiter à bon escient, notamment dans des choses utiles qui leur seraient profitables après leur sortie de prison, a indiqué M. Benhamzi, qui a évoqué l’intérêt accordé à la lecture en tant que facteur d’émulation, avec comme motivation le prolongement du temps lors des visites familiales et communications par téléphone, le tout dans le strict respect de la loi. Pour sa part, Boudriaa Mohamed, directeur de l’établissement de rééducation d’Aïn Tédelès abordant, dans une déclaration à l’APS, le rôle d’insertion dans la gestion quotidienne de l’établissement, a fait remarquer que l’occupation par les études, le travail dans un atelier ou la pratique du sport dans des temps précis de la journée, facilite la tâche à l’agent de surveillance d’une part et nourrit de grands espoirs chez le pensionnaire quant à une bonne réinsertion sociale après la remise en liberté avec en poche un diplôme ou un métier lui permettant de vivre dans la dignité et lui éviter la récidive. Cet établissement, entré en service il y a près d’une année, s’enorgueillit du taux de réussite de 100 % au BEM réalisé par 23 pensionnaires candidats à cet examen, mais aussi au BAC par 16 autres candidats. En outre, l’établissement compte 174 pensionnaires qui poursuivent leurs études en enseignement moyen et 50 dans le secondaire, en plus de 40 autres dans la catégorie d’alphabétisation et 184 stagiaires dans la formation professionnelle dans six sections. Il a été procédé, affirmé Boudriaa Mohamed, à la signature de conventions avec plusieurs secteurs dont ceux de la petite et moyenne entreprise, de l’agriculture, de la formation professionnelle et de l’emploi, dans le cadre de l’insertion du détenu ayant purgé sa peine dans le monde du travail en créant sa propre petite entreprise. Le directeur de l’établissement de rééducation d’Aïn Tédelès a appelé les responsables des instances en charge du soutien à l’emploi de faire un effort en vue de l’insertion des ex-pensionnaires des établissements pénitentiaires cherchant un poste de travail ou tentant de créer une petite entreprise, tout en exprimant son souhait à ce que des facilitations leur soient accordées en application des accords signées avec le ministère de la Justice et la Direction générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion.
Détenus-Bac 2021: la détentrice de la meilleure moyenne
La détentrice de la meilleure moyenne nationale au baccalauréat des établissements pénitentiaires, K. Fatima, pensionnaire de l’établissement pénitentiaire d’Ain Tédelès (wilaya de Mostaganem), est déterminée à faire des études universitaires. Mme. Fatima, une pensionnaire de l’établissement pénitentiaire d’Ain Tédelès, âgée de 46 ans, ayant obtenu la meilleure moyenne (16,75 et la mention très bien) et très heureuse d’être en tête des lauréats du BAC des établissements pénitentiaires du pays, trouve que les murs de la prison ne l’ont pas empêché de travailler et de réussir en arrachant une telle moyenne. Sa réussite à l’examen du baccalauréat cette année lui semble comme une aventure et un vrai défi dont elle ne s’attendait pas, après avoir décroché ce fameux sésame l’année dernière avec une moyenne de 13 dans la filière lettres et philosophie. Elle n’avait pas songé à le repasser car satisfaite de son inscription à l’université dans le département de sociologie, a-t-elle confié. Au sujet des études dans l’établissement pénitentiaire, Fatima a souligné que l’administration lui a fourni, ainsi qu’à tous les détenues concernées par la poursuite de leur scolarité, tous les moyens humains et matériels tout au long de l’année. « Les enseignants, les psychologues et les responsables de la prison ont été d’un grand soutien pour nous. Ils ont un grand mérite dans notre réussite », a-t-elle déclaré, souhaitant pouvoir être autorisée à étudier à l’université « dans une sorte de mini liberté ». Elle espère également retrouver son foyer pour élever ses enfants et s’occuper de sa mère âgée de plus de 90 ans et qui souhaite la voir libre avant sa mort. Un autre heureux lauréat, B. Abderrahmane, un jeune de 24 ans détenu à l’établissement pénitentiaire « Sidi Othmane » dans la commune de Sayada, qui a réussi son bac avec une moyenne de 16.38 avec mention très bien, soit la troisième meilleure moyenne au niveau des établissements pénitentiaires du pays, déclare que « l’être humain n’est pas infaillible et le bon Dieu accepte la repentance », tout en remerciant la direction et les agents de l’établissement pénitentiaire, les enseignants et les psychologues qui ont contribué à son succès. Le détenu à la même prison, B. Hamou, âgé de 50 ans, qui a obtenu son bac avec une moyenne de 15.60 dans la filière lettres et philosophie, deuxième meilleure moyenne dans cet établissement, a souligné, quant à lui, qu’il ne s’est jamais senti heureux dans sa vie comme cette fois-ci.