La Guinée partagera-t-elle la CAN 2025 avec le Sénégal ?
Désignée pays hôte d’une CAN à 16 équipes en 2023, la Guinée se retrouve à devoir organiser une phase finale à 24 équipes en 2025. Ce pays d’Afrique de l’Ouest a-t-il les reins assez solides pour relever un tel défi ? Le doute est permis, aussi des voix s’élèvent pour défendre l’idée d’une coorganisation. Le 20 septembre 2014 , l’organisation des Coupes d’Afrique des Nations 2019, 2021 et 2023 était attribuée respectivement au Cameroun, à la Côte d’Ivoire et à la Guinée. Depuis, le « glissement » du calendrier a décalé de deux ans les échéances, et c’est en 2025 que Conakry et les autres villes guinéennes devront accueillir toute l’Afrique du football. Mais sera-ce vraiment le cas ? La donne a en effet changé radicalement depuis la désignation de la Guinée. Lors de celle-ci, la CAN était encore une compétition rassemblant 16 équipes, pendant une durée de trois semaines et sur quatre stades. Depuis, son plateau a été élargi à 24 équipes et le tournoi s’étale sur quatre semaines et se dispute sur six stades. Si le fardeau paraît déjà lourd pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire, que dire du poids de cette organisation pour un pays comme la Guinée, dont le PIB est au moins quatre fois inférieur ?
Cinq stades à construire d’ici 2025
Officiellement, Conakry s’en tient au cahier des charges. Ce dernier s’avère copieux, puisqu’il prévoit la construction de cinq stades et la modernisation des deux déjà existants, à savoir le stade Général Lansana Condé de Nongo et le stade du 28-Septembre, dans la capitale. Les nouvelles enceintes doivent sortir de terre à Labé, Boké, Kindia, Kankan et N’zérékoré. Par ailleurs, des aéroports, des hôpitaux et diverses infrastructures hôtelières et routières sont prévus dans ces villes hôtes. Mais la marche paraît bien haute pour un pays retardataire en matière d’équipements collectifs, et confronté à une situation économique et politique tendue, à laquelle la crise du Covid-19 n’a rien arrangé. Il n’est guère étonnant dans ce contexte de voir l’idée d’une coorganisation progresser dans l’esprit des décideurs de la région. Et notamment au Sénégal voisin.
Le Sénégal tend la main
« Avec cette CAN à 24, je pense que ce serait judicieux que la Confédération africaine de football indique aux pays qui auront du mal à organiser de voir du côté de leur voisinage la possibilité de faire une coorganisation », a déclaré Augustin Senghor dans le cadre d’une intervention sur la plateforme de l’Association nationale de la presse sportive (ANPS). « Une CAN à 24 est très compliquée à organiser. Et si une grande puissance comme les Etats-Unis d’Amérique s’est associée au Mexique et au Canada pour abriter une Coupe du monde, pourquoi des pays voisins sur le continent ne peuvent pas s’associer pour une CAN à 24 ? », s’interroge le dirigeant, persuadé qu’il s’agirait d’une belle opération pour les deux pays ainsi unis par un projet commun. « Je suis sûr qu’une CAN avec deux pays voisins sera une belle fête et les deux pourraient bénéficier de belles infrastructures pour développer leur football au niveau national après la phase finale de la CAN. Si la Guinée accepte la coorganisation, ce sera une excellente chose et ce sera plus léger pour chacun des deux pays. »
La Féguifoot valide l’idée
Qu’en pensera la Guinée ? Déjà défendue par Antonio Souaré, le président de la Fédération guinéenne de football (Féguifoot), l’idée d’une coorganisation fait son chemin à Conakry, sans toutefois encore bouleverser y l’agenda officiel. « Aujourd’hui, c’est à la Guinée de dire oui ou non si elle est prête ou pas à une coorganisation, reconnaît Augustin Senghor, qui ne se prive pas de rappeler que les autorités sénégalaises sont engagées dans un processus de construction et de réhabilitation d’infrastructures sportives, qui doit permettre à terme au pays, futur hôte des Jeux olympiques de la Jeunesse d’été 2022, de disposer de cinq à six stades modernes. La balle est désormais dans le camp de la Guinée.