La cyberguerre contre laquelle nous mettons en garde « n’est pas une vue de l’esprit »

Le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a indiqué mardi que la cyberguerre qui cible l’Algérie à l’instigation de parties étrangères contre laquelle il met sans cesse en garde « n’est pas une vue de l’esprit, ni un recours ringard à +l’ennemi extérieur+ ».

« Ce contre quoi nous mettons en garde n’est ni une vue de l’esprit, ni un recours ringard à +l’ennemi extérieur+ pour dissuader je ne sais quel pseudo-démocrate de manifester, ce droit étant consacré par la Constitution et encadré par la loi », a précisé M. Belhimer dans un entretien à Echourouk El-Yaoumi.

« Tous les Etats se dotent aujourd’hui d’une doctrine officielle de lutte informatique offensive (LIO) pour encadrer les actions entreprises dans le cyberespace. L’objectif qui leur est imparti est de produire des effets à l’encontre des systèmes adverses, pour en altérer la disponibilité ou la confidentialité des données », a-t-il ajouté.

Les opérations clandestines qu’abrite le cyberespace « touchent à l’espionnage et au sabotage, mais également à la subversion par la propagande et la désinformation, dans l’intention de saper les fondements de l’autorité en l’attaquant et en la discréditant sur les valeurs pour la rendre illégitime », a expliqué le ministre. Pour y parvenir, des voies bien impénétrables sont empruntées, a-t-il dit.

Et de préciser que « si les médias traditionnels emploient des humains pour produire et diffuser leurs messages en observant des lois et réglementations, des règles éthiques ou coutumières, générant un degré rassurant de responsabilité, ce n’est plus le cas des conservateurs d’algorithmes de robot de Facebook-Google-Twitter qui, placés, sont mis sur pilotage automatique, un peu comme des drones tueurs sur lesquels aucun humain n’assume sa responsabilité ».

Pour le porte-parole du gouvernement, le cyberespace est « au centre de toutes les convoitises pour son contrôle pour une première raison : l’attrait qu’il suscite parmi les populations, notamment les plus jeunes ».

En 2020, Internet abritait près de 60% de la population mondiale, soit 4,5 milliards de personnes parmi lesquelles 3,8 milliards disposent de comptes sur les réseaux sociaux, a-t-il fait savoir.

A lui seul, Facebook enregistre plus de 100 milliards de contenus chaque jour, un déluge que ni ses algorithmes, ni sa petite armée de moniteurs humains, ne peuvent contenir de manière  réaliste.

C’est la plus grande entreprise des médias de l’histoire du monde, un éditeur et un diffuseur à la fois, avec environ 2,6 milliards d’utilisateurs réguliers, et des milliards d’autres sur ses autres dépendances WhatsApp et Instagram, a affirmé M. Belhimer.

« Les démocraties sont toutes confrontées à leur dépendance de technologies de communication numériques qui autorisent la formation d’une zone de liberté d’expression mondiale d’une taille illimitée, combinée à une irresponsabilité algorithmique de volumes massifs de désinformation qui se propagent avec une facilité sans précédent », a relevé le ministre, soulignant que « les médias, les dirigeants politiques, les universitaires et le grand public omettent souvent de mettre en perspective historique la spirale infernale des informations quotidiennes, ayant plutôt tendance à se concentrer sur les derniers événements et crises ».

Le ministre de la Communication a souligné, dans ce cadre, que la Constitution de 2020 a repris deux catégories de droit, à l’article 47 dans les termes suivants : « Toute personne a droit à la protection de sa vie privée et de son honneur.  » Toute personne a droit au secret de sa

correspondance et de ses communications privées, sous toutes leurs formes ».

Le même article 47 insère deux nouveaux alinéas, le 3 et le 4 pour énoncer: « La protection des personnes dans le traitement des données à caractère personnel est un droit fondamental ». « La loi punit toute violation des droits susmentionnés ».

Pour M. Belhimer, la vie privée est circonscrite à trois éléments de la personnalité : « le respect des comportements, de l’anonymat et de la vie relationnelle », se disant favorable à « un renforcement de leur protection par l’édiction des peines les plus lourdes, quel que soit le mobile ou le statut social de l’agresseur ».

« C’est d’autant plus nécessaire que le phénomène n’épargne personne et prend des proportions alarmantes », a-t-il déploré.

Répondant à une question concernant l’implication de l’entité sioniste dans la guerre électronique, M. Belhimer dira que les recherches militaires et leurs applications civiles israéliennes alimentent généreusement, mais chèrement, les entreprises qui opèrent dans le cyberespace ».

« Certaines des technologies les plus secrètes produites par les développeurs israéliens restent beaucoup plus proches de leur format militaire original », a-t-il expliqué.

Plus précis, M. Belhimer cite le cas d’un « logiciel offensant vendu à la fois aux pays qui souhaitent espionner leurs propres citoyens ou à des Etats rivaux, et à des sociétés privées qui espèrent gagner un avantage sur leurs concurrents ou mieux exploiter et manipuler commercialement leurs clients ».

« Une fois intégrés aux plateformes de médias sociaux comptant des milliards d’utilisateurs, ces logiciels espions offrent aux services de sécurité des Etats une portée potentielle presque mondiale », a-t-il noté.

Dans ce contexte, M. Belhimer a évoqué « WhatsApp, une plate-forme de médias sociaux appartenant à Facebook, qui a engagé un premier recours devant un tribunal californien contre NSO, la plus grande société de surveillance israélienne – fondée en 2010 par Omri Lavie et Shalev Hulio, tous deux diplômés de la fameuse unité de renseignement militaire 8 200 d’Israël ».

Concernant ce recours , le ministre explique que « WhatsApp accuse NSO de cyber-attaques, NSO ayant ciblé les téléphones mobiles de plus de 1 400 utilisateurs dans 20 pays. Le logiciel espion de la NSO, appelé Pegasus, a été à l’occasion utilisé contre des défenseurs des droits de l’Homme, des avocats, des chefs religieux, des journalistes et des travailleurs humanitaires ».

La NSO a, par ailleurs, octroyé « une licence d’utilisation du logiciel à des dizaines de gouvernements, notamment à des régimes n’ayant pas bonne réputation en matière de respect des droits de l’Homme, à l’instar du Maroc », a-t-il ajouté.

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