Des Experts débattent de la cotation en Bourse des EPE : Plaidoyer pour le choix de la performance
L’introduction en bourse des entreprises publiques fait débat. Le Centre d’action et de réflexion autour de l’entreprise brandit la nécessité de faire coter une part minimale de 20 ou 30% des actions des grandes entreprises publiques.
L’objectif est à double plan : renforcer la transparence de leur gestion mais aussi mieux servir les intérêts de l’économie nationale. Pour Ali Harbi, consultant en stratégies de développement durable et gouvernance, le niveau d’introduction en bourse desdites entités «doit être supérieur à 34% et accompagné d’une entreprise de participation significative, de l’ordre de 10 à 15% d’un partenaire métier national ou international». A ses yeux, c’est à cette condition que «la gouvernance sera impactée en matière de composante de conseil d’administration, de choix de management et d’obligations de transparence». Il explique également qu’une ouverture en bourse limitée à 20 25% «ne donnera rien car elle ne créera pas les conditions nécessaires à une recherche de performance». Avec force arguments, l’expert explique que la démarche «ne peut concerner que les entreprises qui dégagent déjà de la rentabilité et ne peut concerner toutes les entreprises publiques».
Celles en difficulté ou déjà déficitaires ou déstructurées «ne peuvent attirer l’intérêt du public et des épargnants en bourse». Pour M. Harbi, le choix de la performance «peut être d’un apport bénéfique pour financer les besoins de croissance des entreprises concernées à un moment où ni le Trésor public ni les banques ne pourront le faire». Sur le plan de la politique économique, introduire les meilleures entreprises publiques en bourse «donnera un signal fort au reste du secteur privé pour qu’il aille vers la bourse et créera aussi une motivation pour les épargnants». Toutefois, prévient M. Harbi, «nous vivons une crise de confiance politique et économique et de ce fait, un changement de gouvernance de ces entreprises est indispensable pour que le marché leur fasse confiance».
De son côté, Mohamed Achir, économiste, cette ouverture du capital à travers la bourse est «souhaitable et à encourager mais elle ne sera pas une œuvre facile à réussir». Le défi est double.
Pour l’universitaire, il s’agit de 1’assainissement des bilans des EPE concernées et de l’évaluation réelle de leur patrimoine réel. Une tâche qui prendra du temps et qui nécessitera une élimination des comptes et surtout des créances douteuses pour leur donner une valeur sur le marché». Revendiquant lui aussi la préférence de la performance, M. Achir précise tout de même que «le ticket d’entrée est difficile à l’avoir. Trouver des acheteurs des actions, l’est encore plus». Solution ? «Introduire les EPE performantes et chercher des partenaires pour les moins performantes en joint-venture». Pour rappel, le Conseil des participations de l’Etat (CPE) avait donné, en 2013, son aval à huit (8) entreprises publiques pour l’ouverture ou l’augmentation de leur capital social à travers la bourse. Il s’agit de trois cimenteries relevant du groupe public GICA (dont celle d’Aïn Kbira), du Crédit populaire d’Algérie (CPA), de la compagnie d’assurance Caar, de Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), de l’entreprise Hydro-aménagement et de Mobilis. Mais à fin 2017, l’Exécutif annonçait l’abandon de cette piste.
Fouad Irnatene