Une équipe d’hématologues d’Oran innove dans le traitement du cancer du sang

Une équipe d’hématologues de l’EHU « 1er novembre » d’Oran a réussi une nouvelle expérience en matière de traitement du cancer du sang et son procédé a atteint pour l’instant un taux de réussite de l’ordre de 100 %.

La nouvelle expérience, initiée par le jeune hématologue, Mansour Belkacem, exerçant dans le même hôpital, consiste en la mobilisation de cellules souches de la moelle osseuse vers le sang, l’autogreffe, en utilisant un médicament générique, dans les cas graves du cancer du sang.

Il s’agit d’une première mondiale qui a fait l’objet, en février dernier, d’une publication dans la prestigieuse revue scientifique  « Transfusion and Apherisis Science », éditée en Europe par les éditions Elsevier.

L’article en question a souligné « l’efficacité » et la « sécurité » de la nouvelle méthode dont les résultats ont été jugés « encourageants ».

L’expérience a atteint, pour l’instant, un taux de réussite de l’ordre de 100 %, affirme Dr Belkacem, âgé d’à peine 31 ans, à l’APS.

Le spécialiste explique que les expériences connues jusque là dans le traitement du cancer du sang, ont utilisé le « Mozifor », un médicament français, à raison de deux doses pour le traitement d’un patient. Son coût est de pas moins de 8.000 euros l’unité.

Dr Belkacem a décidé de tenter une première expérience en utilisant un médicament générique, le « Mozibil », fabriqué en Inde et d’un coût de 300 euros, soit 25 fois moins cher que le premier traitement.

Capables de se renouveler, les cellules souches peuvent produire différents types cellulaires pour réparer toutes sortes de tissus et d’organes endommagés.

Les cellules souches ont permis de grandes avancées médicales, améliorant le traitement de certaines pathologies et continuent, chaque jour, de livrer leurs secrets aux chercheurs du monde entier, estiment les spécialistes.

L’EHU d’Oran fait ses premiers pas dans ce domaine. Il a crée il y a quelques années une banque du sang du cordon, et a récemment commencé à faire des expériences dans le traitement du pied diabétique avec les cellules souches, a indiqué à l’APS le directeur de cet établissement de santé, Dr Mohamed Mansouri, à la veille de la journée mondiale de la santé.

Ainsi, l’expérience initiée par le jeune hématologue, verse dans les objectifs et la vocation de l’EHU d’Oran, qui rappelle-t-on, a été créé pour développer des soins de pointes.

Dr. Belkacem a suivi une formation à la Faculté de médecine d’Oran avant de se rendre en France pour suivre une sous-spécialité d’autogreffe, au niveau du centre de lutte contre le cancer « Léo Berard » à Lyon.

Le jeune médecin a refusé toutes les opportunités qui lui ont été offertes à l’étranger et a décidé d’exercer « chez-lui ». « J’étais persuadé que ma place est là, dans mon pays, l’Algérie », a-t-il affirmé.

 

Un taux de réussite de 100% sans garantie de guérison définitive

 

Il explique sa nouvelle méthode de traitement du cancer du sang consiste en la mobilisation de cellules souches vers le sang, qui sont ensuite isolées grâce à un appareil nommé cytaphérèse puis réinjectées, après traitement, de nouveau dans le sang du patient.

Depuis que l’équipe d’hématologues a expérimenté son procédé, en janvier 2020, onze (11) cas graves de cancer de sang ont été traités avec un taux de réussite de 100%.

Pour le directeur de l’EHU, Dr Mohamed Mansouri, il n’est pourtant pas question de « guérir le cancer », mais augmente l’éspérance de vie du patient. Il explique que même si les résultats du traitement sont concluants à 100%, il n’est pas encore possible de parler de guérison en ce qui concerne le cancer.

Mama Benhadjou, une femme de 62, a été la première patiente à bénéficier du nouveau traitement, il y a une année. Souffrant d’un myélome multiple, elle est arrivée au service d’hématologie dans un état critique. Le cancer s’était propagé dans son corps. Les métastases l’ont cloué au lit pendant des mois. Les chances de la voir guérir avec les méthodes classiques pour le traitement du cancer étaient minimes, voir inexistantes.

Devant ce cas désespéré, le Dr Belkacem a décidé de « tenter le tout pour le tout » et d’engager l’expérience de la mobilisation des cellules souches dans le sang, avec un médicament générique.

Expliquant à la sexagénaire qu’il s’agissant d’une première expérience et que le résultat était incertain, Mama Benhadjou, sans hésitation aucune, a donné son accord, « remettant son destin à Dieu et à ce médecin, envoyé par la providence », comme elle l’a expliqué, lors d’une rencontre avec l’APS.

Mama, qui semble guérie de son mal, est aujourd’hui une « jeune » dame pétillante de santé. Avec un sourire radieux, elle se projette dans l’avenir avec beaucoup de confiance. Dix autres personnes dont le pronostic vital était engagé, ont retrouvé une bonne santé, et parmi elles une jeune fille de 26 ans d’Alger.

 

Une cinquantaine de personne en liste d’attente

 

Le Dr Belkacem ambitionne d’élargir cette expérience pour faire profiter le plus grand nombre de malade de ce procédé thérapeutique. Il affirme qu’il peut, à lui seul, prendre en charge entre douze et seize patients par mois. Pour peu que la tutelle encourage cette expérience en attribuant un budget pour l’acquisition du médicament générique.

Il dit que l’expérience de l’équipe d’hématologues d’Oran a montré qu’il était possible de guérir des cancers à des stades très avancés. Une liste d’attente est déjà prête comportant les noms d’une cinquantaine de malades.

Un comité pluridisciplinaire se charge de la sélection des cas les plus urgents, a-t-on indiqué. De nombreux malades atteints par cette terrible maladie ont repris espoir. Le Dr. Belkacem ne désespère pas et ne baisse pas les bras : vaincre ce mal et redonner le sourire à ses patients est plus qu’un rêve ou une ambition mais un challenge qu’il veut relever.

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