RELANCE ECONOMIQUE, REMANIEMENT DU GOUVERNEMENT, CRISE SANITAIRE ET MALAISE SOCIAL … Ces lourds dossiers qui attendent le président Tebboune après son séjour médical
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est rentré, ce vendredi 12 février 2021, en Algérie après un séjour d’un mois en Allemagne pour soins médicaux.
Le président de la République a été accueilli à son arrivée à l’aéroport militaire de Boufarik (Blida, Ouest d’Alger) par le président du Conseil de la nation par intérim, Salah Goudjil, le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine, le président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, et le chef d’Etat major de l’Armée nationale populaire (ANP), le Général de corps d’Armée, Saïd Chanegriha et le directeur de Cabinet à la Présidence de la République, Noureddine Baghdad Daidj.
Le chef de l’Etat est retourné en Allemagne le 10 janvier dernier pour soigner des complications liées à sa contamination par le coronavirus (Covid-19).
Le 20 janvier, dix jours après son départ, la Présidence de la République avait annoncé que le président a subi avec réussite une opération chirurgicale au niveau du pied droit. Pour rappel, le 28 octobre 2020, le président Tebboune avait été transféré en Allemagne après sa contamination par le coronavirus. Hospitalisé pendant deux mois, il avait regagné le pays fin décembre dernier.
Le lendemain de son retour, il avait procédé à la signature de la loi des finances pour l’exercice en cours et de la nouvelle Constitution adoptée lors du référendum du 1er novembre de l’année passée. Il avait également tenu une réunion du Haut Conseil de Sécurité avec le chef de l’état-major de l’Armée, le général-major Said Chanegriha.
Le président Tebboune avait aussi présidé début janvier dernier un Conseil des ministres, le premier depuis le 4 octobre de l’année dernière. Il avait également limogé le ministre des Transports, Lazhar Hani, et le PDG d’Air Algérie, Bekhouche Alleche.
Il est clair que de nombreux chantiers attendent sur la table du président de la République, des dossiers qui touchent à tous les secteurs, aussi complexes les uns que les autres. Notamment avec le contexte sanitaire actuel qui n’a en aucun cas fait oublier les problématiques économiques, sociales, politiques et géostratégiques.
Beaucoup s’attendent avant toute chose a un éventuel réaménagement de l’équipe gouvernementale qui quoi que l’on dise, aura accomplie sa tache malgré les multiples attaques proférées suite a chaque décision. Les jours à venir seront sans nul doute pleins de rebondissements.
Plus d’un an est déjà passé depuis l’élection de décembre 2019 et en terme de bilan, force est de le souligner objectivement que la récolte est plutôt très maigre. Certes la crise sanitaire a bon dos pour justifier les retards, les ratages, mais le temps sera désormais compté et toute journée de perdue, c’est une chance de gâchée pour réparer le pays.
A priori, l’agenda politique sera en tête des priorités avec la tenue des législatives anticipées, dès lors que la nouvelle loi électorale est en phase de finalisation au niveau de la commission Laraba qui ne devrait pas tarder à remettre sa copie finale au président Tebboune.
Mais à l’heure qu’il est, ces législatives (malgré l’engagement du président à les tenir), sont loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique et parmi les observateurs indépendants qui défendent le principe de « donner du temps le temps ».
Aller aux législatives dans les conditions actuelles de « dissensus » politique, c’est prendre le risque d’une nouvelle claque politique, comme c’était le cas lors du référendum constitutionnel avec un taux de participation historiquement bas.
Au contraire, le président Tebboune devrait temporiser (et de toutes les façons, il n’a pas encore fixé de date) pour œuvrer à la construction d’un consensus politique le plus large possible pour une large adhésion au processus électoral qui permettrait une dynamique de remobilisation populaire autour des grands enjeux qui se posent au payas
Des législatives à court terme, avec des partis comme celui du folklorique Bengrina (qui rêve juste de supplanter son ennemi intime Makri), ou encore le lilliputien Soufiane Djilali (avec tout le respect que nous devons pour l’intellectuel), c’est « chronique d’un échec annoncé ».
Le président Tebboune devrait réfléchir à deux fois avant de trancher, car un possible échec de la consultation populaire serait d’abord le sien, alors qu’il a besoin justement de ce nouveau rendez-vous avec les urnes pour se légitimer et mettre toutes les conditions politiques et psychologiques de son côté pour lancer pour de vrai, les multiples chantiers homériques qui restent encore dans les tuyaux.
Un de ces chantiers, le plus urgent en termes calendaires, le plus gigantesque, à l’aune des défis, c’est l’économie. Politiques et économistes convergent sur le constat.
L’économie du pays est exsangue, la plupart des indicateurs sont au rouge. D’où l’urgence du passage des slogans incantatoires aux actes pragmatiques à travers la mise en place de ce fameux « nouveau paradigme » économique qui trace le chemin à la sortie progressive de l’économie de rente.
Avec un super ministère de l’économie et des finances dans le futur gouvernement pour mener la mère des batailles, celle de l’économie, qui impose une redistribution radicale des cartes en termes d’agenda politique. Un homme est tout désigné pour ce poste ; il s’agit de l’ancien ministre des finances, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, ancien PDG de la Banque extérieure d’Algérie, Mohamed Loukal. Un homme aux compétences avérées, capable d’insuffler la dynamique nécessaire à ce nouveau paradigme économique, un homme au carnet d’adresses prestigieux à la valeur inestimable, tant au niveau des institutions financières et économiques mondiales qu’au niveau des décideurs internationaux.
Aujourd’hui, l’Algérie a grandement besoin de ses relations étroites tissées depuis de nombreuses années, avec, pour ne citer que ceux là, Mario Draghi, le nouveau premier ministre italien et ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ancienne ministre, ancienne présidente du FMI et actuelle présidente de la Banque centrale européenne, Janet Yellen, l’ancienne patronne de la Banque centrale américaine, la Federal Reserve System (FED), et nouvelle secrétaire américaine au Trésor, désignée par le nouveau président Joe Biden.
Le secrétaire au Trésor au sein d’un cabinet présidentiel américain est l’équivalent d’un ministre de l’économie et des finances. Ces relations interpersonnelles serviront, sans aucun doute, d’interactions de qualité, pour concrétiser la nécessaire mutation de l’économie du pays.
Toutes ces évolutions intervenues sur la scène et au moment où le pays s’apprête à célébrer le deuxième anniversaire du Hirak, ne devraient pas échapper à la clairvoyance du président Tebboune qui a certainement mis à profit son séjour médical en Allemagne pour prendre des recul sur l’écume politique des jours et réfléchir sur les perspectives de l’Algérie..