Présidentielle anticipée: Des explications sur les raisons d’une annonce surprise

Il est vrai que nul ne s’attendait à une telle annonce celle d’anticiper l’élection présidentielle attendue pour le mois de décembre prochain, mais voila que juste après le conseil des ministres tenu jeudi, les algériens ont été surpris d’apprendre que cette importante échéance électorale allait être avancée au 7 septembre et que le corps électoral sera convoqué au début du mois de juin.
Ce n’est d’ailleurs pas innocent que dès l’annonce et constatant l’étonnement général et les spéculations qui ont suivi, des éclaircissements attribués à une lecture de l’agence officielle APS ont été publiés. Une situation de communication ambigüe volontaire ou par incompétence qui a toujours prévalue et à laquelle les algériens sont habitués d’où les réticences et la multiplication des spéculations après une annonce d’une telle importance.
Par ailleurs, le premier enseignement de cette annonce d’une élection anticipée est le retour à la normalité, est il relevé dans une lecture de l’annonce de la décision du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 07 septembre 2024.
La décision a été prise lors d’une réunion en présence du président du conseil de la nation, du président de l’assemblée populaire nationale, du président de la cour constitutionnelle, du premier ministre, du chef d’état-major de l’ANP, du directeur de cabinet à la présidence de la République, du ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire et du président de l’autorité nationale indépendante des élections, indique la même source.
Le président de la République procédera à la convocation du corps électoral le 7 juin 2024, soit trois mois avant la date prévue du scrutin présidentiel, conformément à ce que prévoit la constitution. Alors que des scénarios fleurissaient ici et là annonçant un probable report de l’élection présidentielle, la décision du président de la République de les tenir de manière anticipée vient contredire ces rumeurs qui se faisaient de plus en plus insistantes. Non seulement il n’y a pas de report des élections qui auraient supposé une prolongation du mandat présidentiel en cours, mais ce dernier vient d’être écourté de trois mois suite à la décision de la tenue d’une élection présidentielle anticipée pour le 7 septembre 2024. Toutefois, la tenue de l’élection présidentielle trois mois avant sa date prévue n’est pas sans raisons.
Pour comprendre les motifs de cette décision, il faudrait donc remonter à l’année 2019 où, par un cas de force majeur qu’était le mouvement populaire, l’élection présidentielle prévue initialement en avril de cette année-là n’a pas pu avoir lieu en temps voulu.
Reportée à juillet 2019, elle n’a pas pu se tenir jusqu’au 12 décembre de cette année-là, provoquant un décalage dans le calendrier habituel des élections en Algérie. Le scrutin s’était d’ailleurs tenu dans un climat assez particulier. L’APS décrit une élection présidentielle tenue « à la hussarde ».
L’annonce du Président Tebboune est donc le signal, officiel, d’une sortie de crise. L’Etat algérien n’est plus en crise ou en situation d’urgence. Il a reconquis sa stabilité. Ses institutions ont retrouvé leur équilibre. Il a retrouvé son processus décisionnaire. L’agenda électoral est donc re-calibré en fonction de cette norme. De la norme démocratique. De ce retour à la quiétude constitutionnelle et institutionnelle. Quitte à écourter de son propre mandat, la réflexion présidentielle semble avoir été guidée par ce souci de re-stabilisation de l’édifice de l’Etat.
Le deuxième enseignement est l’éternel retour au peuple. Seul décideur et seul comptable de l’action du Président de la République. Cette annonce est le signe que le Président Tebboune fait confiance à son peuple, aux citoyens et aux électeurs. À leur jugement et à leur lucidité. Certes, certaines voix habituelles ont commencé à échafauder les scénarios les plus absurdes, faute de décoder la boite noire présidentielle. La parole est libre et la spéculation gratuite.
L’autre enseignement est, sans nul doute, le calcul géopolitique. Le dernier sommet du gaz, la gestion des conflits et les mutations géostratégiques et sécuritaires dans la région ont certainement muri cette réflexion. Influée sur cette annonce. L’Algérie joue une partition serrée qui va conditionner son avenir de Nation face aux nouveaux colonialismes.
Les menaces extérieures sont telles, réelles et palpables, qu’écourter le premier mandat est une nécessité tactique. Une anticipation de turbulences programmées. L’enjeu international prédomine sur l’enjeu national.
L’Algérie se doit de montrer son unité intérieure, sa cohérence domestique, avec un Président, une Armée et des institutions en ordre de bataille pour prévenir les crises extérieures. Et elles sont déjà à nos portes. Et elles visent notre souveraineté et notre sécurité.
Le retour à la stabilité qui a été le souci cardinal du Président Tebboune doit trouver son prolongement dans le message qu’envoie l’Algérie à ses partenaires et à ses ennemis historiques. Il ne faut pas compter sur une fragilité intérieure. Il n’y aura pas de faiblesse face à l’adversité. L’Algérie est prête pour les défis qui la menacent et avancer une présidentielle est le message de cette sérénité retrouvée.
«Une Algérie Nouvelle» qui a été décriée, dès sa naissance, par les experts en défaitisme, les professionnels du «déclinisme», les nostalgiques de la corruption d’Etat et les traitres intérieurs qui ne veulent pas de l’émergence de cette Algérie renouvelée. Le chemin a été semé d’embuches, la tache considérable, parfois pour des raisons sanitaires (Covid), qui avait prouvé l’entraide état-citoyen au demeurant, mais souvent pour des raisons endogènes au système politique qui avait déraillé de sa trajectoire. Le retour à un Etat fort est au prix de sacrifices.

Zitouni Mustapha

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