Les manifestations du 11 décembre 1960 ont brisé la conviction des ultras de l’Algérie française
Les manifestations du 11 décembre 1960 ont « brisé net » la conviction des « ultras » de l’Algérie française, a affirmé l’historien, Fouad Soufi, soulignant l’impact positif de ces événements dans l’adhésion internationale à la cause libératrice du peuple algérien, du joug colonial français.
« Les manifestations du 11 décembre 1960 ont brisé net une conviction bien ancrée dans l’opinion des ultras de l’Algérie française, à savoir que les villes étaient calmes parce qu’elles étaient sous contrôle », a déclaré à l’APS, le chercheur en histoire, la veille de la commémoration du 60éme anniversaire de ce tournant de la glorieuse révolution algérienne.
Les Algériens, rappelle-t-on, étaient sortis, ce jour-là, manifester « pacifiquement » dans des quartiers de la capitale et d’autres villes, pour réaffirmer le principe d’autodétermination, sur fond de visite du général Charles de Gaulle en Algérie, du 9 au 12 décembre 1960.
Il a rappelé, à ce propos, que quelques mois plus tôt, en juillet de la même année, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) avait appelé à une « grande grève » en réaction aux projets de « partition » de l’Algérie par l’ancienne puissance coloniale. Une action qui, précisera-t-il, avait « renforcé l’unité nationale et convaincu les pays indécis de la justesse du combat du GPRA « .
Mieux, ces « manifestations urbaines ont convaincu les observateurs internationaux de l’adhésion du peuple algérien aux mots d’ordre du GPRA », poursuit-il, avant de revenir sur les contextes national et international ayant conduit à ces événements. A savoir, sur le plan interne, l’offensive militaire française qui se poursuivait contre l’Armée de Libération nationale (ALN), note-t-il.
De même qu’il évoquera les « Pourparlers de Melun », ayant réuni des représentants du GPRA avec des délégations du gouvernement français, mais qui s’étaient soldés par un échec, la partie algérienne ne voulant rien céder sur ses revendications d’indépendance totale du pays.
« L’évocation même d’une +Algérie algérienne+ par le président français ayant provoqué les violentes réactions de la population européenne », lesquelles avaient conduit à « toute une série d’affrontements », souligne-t-il, citant « ’l’émeute » à laquelle avait abouti, le 8 décembre, la grève générale déclenchée par les Européens hostiles à la politique de de Gaulle en Algérie et à la perspective du référendum sur l’autodétermination des Algériens.
L’intervenant fait observer que « si ces manifestations étaient, à l’origine, spontanées, les militants des cellules de base du Front de Libération nationale (FLN) en ont, assez vite, pris le contrôle, le 9 décembre à Aïn-Témouchent, puis le 10 à Oran et à Alger (le soir) avant qu’elles ne culminent, dans la capitale, le lendemain », rappelant les dizaines de martyrs dénombrés, ce jour-là.
Ce chapitre de la révolution algérienne, ajoute-t-il, a été également précédé d’un contexte international marqué par « la solidarité active » de pays arabes et musulmans ainsi que par « l’appui d’une majorité » de pays de l’Organisation des Nations-Unies (ONU).
A ce propos, il a salué le soutien et l’aide dont avait bénéficié le GPRA de la part des pays socialistes d’Europe et d’Asie ainsi que la solidarité des pays africains nouvellement indépendants, anglophones notamment. Ceci, en plus, de l’apparition déjà, dès 1958, d’un mouvement « critique » à l’endroit de la France coloniale aux Etats-Unis.