LE RAIL ALGERIEN DURANT LA TRAGIQUE DECENNIE : 90 agents roulants assassinés, 250 voitures et 18 locomotives brulées
Nous ne cesserons jamais de rappeler le lourd tribut payé par les algériens durant la décennie noire, les algériens ont souffert dans leur chair et leur sang la tragédie de ces maudites années 90.
Pour rafraichir les mémoires, car certains veulent imposer une amnésie quelques années après en tentant par tous les moyens de se remettre en selle alors qu’ils ont été pour beaucoup dans l’effusion de sang de femmes et d’enfants innocents, nous nous devons ce devoir de mémoire même si les séquelles et les cicatrices sont encore vivaces et très douloureuses.
Dans ce modeste rappel, nous rendons un hommage particulier à une société, la notre qui a, malgré les balles assassines et les couteaux lâches des terroristes qui ont semé chaos et terreur à travers tout le territoire, cette société est restée en activité durant toute cette triste décennie. La SNTF, Société nationale de transport ferroviaire, a véritablement joué son rôle d’entreprise citoyenne et pourtant, tout le long des années 90, cette société avec ses hommes et ses agents a perdu 90 agents roulants, assassinés par la horde terroriste, certains décapités, d’autres égorgés devant leurs collègues.
90 travailleurs dévoués, bravant le danger qui ont malgré la peur et les menaces continué à travailler et à faire les navettes accompagnant la peur au ventre mais sans jamais le montrer, les milliers de voyageurs à travers les contrées du pays. De Mohammadia « barigou», Oran, Relizane, Chlef jusqu’à la gare Agha d’Alger, ils ont maintenu le pays debout. Nous leur rendons un modeste hommage alors qu’ils méritent beaucoup, ces oubliés de la Nation.
La SNTF, a perdu des hommes et à aussi perdu plus de 250 voitures et plus de 18 locomotives, toutes incendiées par des terroristes assoiffés de terreur, du Fis dissous ou à la solde des mains traitres et haineuses.
Nul ne pourra comptabiliser le nombre de citoyens et voyageurs sauvés par des simples mots d’agents roulant (jargon utilisé pour nommer les agents qui font les navettes dans les trains). En effet, ces agents du Rail, savaient que des terroristes faisaient les navettes avec eux notamment sur certains tronçons, l’expérience les a forgé pour être des observateurs et pouvaient donc reconnaitre au comportement et à quelques détails, ces terroristes qui se faufilaient dans les wagons attendant le moment propice pour commettre les pires crimes contre de paisibles voyageurs. Il est souvent arrivé que ces agents de la SNTF, au dépend de leur vie, se mettaient en travers des terroristes et des victimes choisies pour être égorgées, expliquant aux criminels que tel est un pauvre malheureux et que cette femme n’était en fait qu’une malade mentale et que les égorger ne servait à rien, certains terroristes cédaient a ces paroles, d’autres n’avaient aucune pitié ni pour l’agent ni pour le simple voyageur.
Les histoires et témoignages qui se sont déroulés dans les voitures de la SNTF, sont tellement prenants qu’ils nécessitent des livres et des livres pour les raconter.
Nous avons tenu par ces quelques lignes rendre un modeste hommage aux hommes du Rail algérien, avec une pensée particulière pour cet ami retraité et ancien cadre du chemin de fer qui nous a soufflé ces chiffres et ces témoignages d’une décennie qu’aucun algérien ne pourra oublier.
Zitouni Mustapha