Le Quai d’Orsay et le lobby pro-israélien, principaux soutiens de Boualem Sansal

Contribution : Ahmed Bensaada
De mémoire d’observateur assidu, le tsunami médiatique français qui a accompagné l’affaire de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal a été sans précédent. Les médias mainstream ont vomi à exhaustion, le cyberespace a failli prendre feu, les organisations droitdelhommistes ont chouiné à satiété et les amphithéâtres ont tremblé sous les décibels et des litres de postillons.
Foi de militant écologique, tant d’énergie dépensée de la sorte ne peut être inoffensive pour le réchauffement climatique.
Cette « exceptionnelle » solidarité pose cependant des questions. On ne l’a pas vue, par exemple, dans l’affaire du franco-français Théo Clerc condamné à trois ans de prison en Azerbaïdjan pour un simple graffiti[1]. Ni pour Christian Tein, leader du mouvement Kanak, emprisonné en France, à 17000 km de chez lui[2]. Ni pour Cécile Kohler et Jacques Paris emprisonnés en Iran depuis 2022[3]. Ni pour Georges Ibrahim Abdallah, 74 ans, emprisonné par la France depuis 41 ans, avec un dossier vide[4] et, en plus, libérable depuis 25 ans. Ni pour les dizaines de militants pro-palestiniens poursuivis pour avoir daigné agiter un drapeau palestinien ou écrire quelques tweets afin d’exprimer leur horreur à la vue du carnage inhumain des Gazaouis.
Cette solidarité à géométrie variable est questionnable à plusieurs égards. Serait-ce à cause des relents néocolonialistes d’une certaine frange de l’état profond français? Y aurait-il des lobbys à la manœuvre pour pourrir les relations entre la France et l’Algérie? Pourquoi les termes « dictature » et « régime » (et tous leurs dérivés), qui sont étrangement apparus après cette affaire, sont sur utilisés dans les discours des politiciens français? Pourquoi certains discours s’immiscent dans les affaires intérieures de l’Algérie? Chercherait-on, au moyen de cette affaire, à nuire à la stabilité de l’Algérien instrumentalisant la moindre occasion pour mener, contre elle, une guerre de 4e génération (G4G)?

Pour répondre à ces questions, intéressons-nous aux principaux soutiens de Boualem Sansal, ceux qui sont très actifs dans la média-sphère et /ou qui ont un rôle spécifique dans cette tâche. À première vue, de nombreuses personnes peuvent être citées. Mais, en regardant de plus près, trois d’entre elles sortent du lot : Xavier Driencourt, Noëlle Lenoir et François Zimeray.
Le premier est le « commandant en chef » des actions subversives contre l’Algérie, la seconde est la présidente du comité de soutien de Boualem Sansal et le troisième est l’avocat de Boualem Sansal mandaté par Gallimard, l’éditeur de l’écrivain.
A- Xavier Driencourt
Années Fonction[5]
1989 – 1991
Consul général de France à Sydney
1998 – 2002
Ambassadeur de France en Malaisie
2008 – 2012
Ambassadeur de France en Algérie
2012 – 2017
Inspecteur général des Affaires étrangères
2017 – 2020
Ambassadeur de France en Algérie
Parmi les 22 différents ambassadeurs français qui ont été en poste en Algérie depuis son indépendance, Xavier Driencourt est le seul à cracher nuit et jour sur l’Algérie. Il est très certainement le seul diplomate au monde à déblatérer continuellement et dénigrer sans relâche le pays étranger où il a été nommé ambassadeur. C’est du jamais-vu!
D’ailleurs, il a représenté son pays en Malaisie. Critique? Pas un mot. En Australie? Idem. Non, Xavier Driencourt a une et une seule fixation : l’Algérie. Et cela, bien avant l’arrestation de Boualem Sansal. Qu’on se le dise, cette affaire est du « pain bénit » pour le hâbleur plénipotentiaire.
À l’image de ses sempiternelles jacasseries, le passage à Alger de ce diplomate n’a pas été exempt d’affaires louches, c’est le moins qu’on puisse dire. Espionnage, relations douteuses, transactions compromettantes, etc. Le lecteur trouvera plus de détails dans un de mes articles[6] sur le sujet.
Pour revenir à l’affaire qui nous concerne, notons que Xavier Driencourt est considéré comme « un ami proche » de Boualem Sansal[7].Il avait même dîné avec lui la veille de son départ vers Alger et de son arrestation[8]. Rencontré une quinzaine d’années auparavant, Driencourt a déclaré l’avoir invité (ainsi que Kamel Daoud) à déjeuner avec le président Macron lors de sa première visite officielle en Algérie, en 2017[9]. C’est à cette occasion que l’écrivain avait dit au président français : « M. le Président, nous sommes la voix de la France en Algérie, ne nous abandonnez pas »[10].
Force est de constater qu’en qualité d’ambassadeur, Driencourt cultivait méticuleusement son « jardin » des amoureux de la France, ceux qui proposaient leurs services afin de glorifier l’ancienne puissance coloniale et de rabaisser leur pays d’origine. Le recrutement des « informateurs indigènes » est une affaire de diplomatie, n’est-ce pas?
À noter que dans le cas de Boualem Sansal, ses visites à la « Villa des Oliviers »[11] ne datent pas uniquement des passages de Driencourt à Alger comme le souligne si bien ce dernier[12].
Ainsi, Sansal était un visiteur « permanent » de l’ambassade de France et était tout particulièrement en relation avec Bernard Bajolet et Bernard Émié, ambassadeurs de France en Algérie et, plus tard, directeurs généraux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Ambassadeur de France en Algérie
Directeur général de la DGSE
Bernard Bajolet
2006 – 2008
2013 – 2017
Xavier Driencourt
2008 – 2012
André Parant
2012 – 2014
Bernard Émié
2014 – 2017
2017 – 2024
Xavier Driencourt
2017 – 2020
Dans une rencontre organisée par le Crif[13], Boualem Sansal s’est laissé porté par l’ambiance très chaleureuse à son égard, devant un parterre tout acquis à sa cause. Pour plaire à l’assistance (ou par conviction personnelle), il ne se priva pas de ridiculiser les armées arabes sans oublier, au passage, d’égratigner le leader palestinien Yasser Arafat. Ce qui provoqua l’hilarité de l’assistance : humour facile pour un auditoire qui n’en demandait pas autant.
Il se laissa aller à quelques confidences qui en disent long sur ses accointances. Il disserta de ses contacts avec la DST française (ancêtre de la DGSI) et de sa relation bon enfant avec nul autre que le président Chirac en personne. Boualem Sansal ne connaissait donc pas que des ambassadeurs.
Il n’y a pas que les écrivains qui sont approchés par l’ambassade de France en Algérie. Les caricaturistes sont une autre catégorie prisée par les diplomates français comme nous allons le montrer dans ce qui suit.
Deux d’entre eux ont été remarquablement ciblés : Ali Dilem et Ghilas Aïnouche.
En 2010, alors en poste à Alger, Xavier Driencourt invita Noëlle Lenoir à remettre en personne les insignes de Chevalier des Arts et Lettres à Ali Dilem[14].
Lundi 11 octobre 2010 : Noëlle Lenoir décore Ali Dilem de l’insigne de Chevalier des Arts et Lettres en présence de Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie
Tiens donc! Xavier Driencourt et Noëlle Lenoir sont de vieilles connaissances. Intéressant!
En 2017, c’est l’ambassadeur Bernard Émié qui l’éleva au rang d’Officier des Arts et des Lettres[15].
Quelques mois plus tard, on retrouve Ali Dilem et Ghilas Aïnouche en compagnie de M. et Mme Émié[16].
Mais ce n’est pas tout. L’« instrument » politique doit être efficacement utilisé. Deux jours plus tard, soit le 24 mars 2025, le dessinateur « indigène » a été placé dans le studio de Figaro TV[26], média d’extrême droite[27], fer de lance de l’opération « Sauver le soldat Sansal ».
Lorsque l’intervieweur lui présenta le bol pour vomir sur l’Algérie, le caricaturiste s’exécuta illico presto dans un français très approximatif, même sur des sujets qui n’avaient rien à voir avec Sansal. Tellement que le présentateur, surpris par tant d’éructations, se demandait si le contenant n’allait pas déborder et laisser des traces de vomi sur le plancher du studio.
Piteux « opposants » qui se font manipuler aussi aisément, les zygomatiques détendus, par des politicards de seconde zone!
En traitant de ces caricaturistes et de leur proximité avec le MAK, il faut reconnaitre que cette affiliation n’est pas anodine. Le séparatisme « makiste » est aussi utilisé dans le dossier Sansal comme on peut s’en rendre compte en lisant cette immense affiche qui « orne » les rues de Paris :

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