HISTOIRE ET MEMOIRE DE MOSTAGANEM: La bataille de sidi Zeggai, Sidi Ali se souvient
La victoire a eu raison de la nuit coloniale, le soleil de la liberté a fini par se lever, mais ce soleil, ce sont des hommes et des femmes qui l’ont hissé. Le Dahra, synonyme de l’insurrection de Novembre 1954, a écrit en lettres de sang les plus belles pages de notre épopée libératrice. Nombre de compatriotes ont chèrement payé le prix de l’Indépendance que nous savourons (Un million et demi de martyrs entre 1954 et 1962, et dix (10) millions depuis l’occupation française de 1830 à juillet 1962). Entre autres batailles et opérations militaires nous évoquerons aujourd’huià l’occasion du64èmeanniversaire de sa commémoration, celle de la mi-septembre qui eut lieu au douar « Kechakcha »à Sidi-Zeggai dans la périphérie de Sidi Ali d’où a été tirée la première balle de Novembre le 31 octobre 1954 à 23h20’ bien avant le rendez-vous fixé. Cette bataille aura été déterminante et a marqué un tournant dans le combat libérateur à la veille de l’historique congrès de la Soummam. Accompagné de son adjoint Mustapha El -Mascri et de 72 hommes, dans ce lieu-dit dont le relais logistique de transit était assuré par SI AFIF Ahmed (1925-1958) entre Sidi-Zeggaï et Tazgait, le commandant Mohamed Djebli dit Si Daoud, déserteur des rangs de l’armée française en 1955 et héros de la bataille du djebel Zeccar, décidera d’une halte au douar Kechakcha (Sidi-Zeggai) localité distante de 5km entre Sidi-Ali et Tazgait. Surpris par ce mouvement inhabituel, le délateur « Segdane » gardien d’école primaire de son état informera sur le champ le belliqueux et sanguinaire administrateur Raymond Choiral de cette « mystérieuse présence ».Ce dernier ordonnera sine-die le déploiement de la soldatesque coloniale constituée essentiellement à l’époque par les tristement célèbres groupes mobiles des GMPR stationnés dans la ville garnison de Cassaigne, pour une prise en tenailles de la « Katiba » des moudjahidine. Cette confrontation armée où des milliers de soldats ont été engagés trois jours durant (13,14 et 15 septembre1956) se soldera par un lourd bilan dans les rangs de l’armée coloniale grâce au stratège militaire Si Daoud (dispersion tactique en terrain nu des djounouds en six groupes dirigés respectivement par Si Youcef , Si Chrif , Si Abou El- Hassen , H’mida T’mouchenti , Ho Chi’ Min et Nehru (noms de guerre). Le bilan des combats enregistrera deux avions abattus dont un hélicoptère-Abeille, des jeeps half-track mis hors d’usage et des centaines de tués et blessés dans les rangs de l’armée française (363 environ selon les archives des hôpitaux civils de Cassaigne, Mostaganem et Oran).Dans le camp de l’ALN,on enregistrera trente (30) martyrs dont l’héroïque commandant Si Djebli et trente (30) blessés dont sept (07) civils(dommages collatéraux populaires). A Cassaigne, pour réprimer les populations des campagnes en vue de les dissuader dans leurs actions de soutien et d’aide aux maquisards dans les zones rurales,l’administration coloniale décidera – dans un souci bien compris d’isoler l’ALN de ses bases naturelles et vitales – d’ériger dans la précipitation un camp de concentration (Voir notre édition du 05/07/2018 sur le sujet). C’était, hélas, sans compter sur la conviction et l’engagement de ces dernières, rangées derrière la bannièrede l’ALN d’alors et acquises aux thèses de l’Indépendance. Surnommé « camp de concentration et de la mort » en raison des sévices et tortures qui y ont été pratiquées sur plus de 45 000 militants de la cause nationale dont plus de 3 300 y ont laissé leur vie pour les avoir atrocement subies. Nombreux citoyens de la région gardent de vivaces souvenirs d’époques de ce sinistre lieu où parents, amis et proches y ont séjourné et dont certains n’en sont pas revenus. Pour mémoire, le répertoire des actions armées et des Chouhada édité le 1er novembre 2004 par la direction des moudjahidine sur instruction du ministère, fait état de 2400 chouhadas dans la wilaya de Mostaganem dont 292 natifs de la seule commune de Sidi Ali.
Habib SI AFIF