ESSAIS NUCLEAIRES FRANÇAIS AU SAHARA: Une plainte déposée auprès du tribunal de Reggane
Le 13 février 1960, la France coloniale a procédé à des essais nucléaires utilisant les populations locales comme cobayes. L’opération appelée Gerboise bleue d’une intensité d’environ 4 fois la bombe d’Hiroshima a laissé, encore aujourd’hui, des conséquences désastreuses sur les populations locales : malformations lors des naissances et cancers dans cette partie de la wilaya d’Adrar. Le forum du quotidien El-Wassat a organisé, hier à Alger, une conférence portant sur le sujet. Le président de la Coordination nationale des victimes des essais nucléaires français en Algérie, Mohamed Mahmoudi, lui-même victime, a indiqué que la France coloniale a laissé un héritage empoisonné. «On ne compte plus les malformations ainsi que l’explosion des cancers tels que ceux de la peau, des yeux et de la prostate», a-t-il fait savoir avant d’ajouter que les autorités françaises refusent, encore aujourd’hui, d’indemniser les victimes algériennes alors qu’elles l’ont faite pour les victimes polynésiennes». Il déclare que la coordination a adressé une correspondance aux autorités françaises qui s’est soldée par une fin de non-recevoir. «La coordination nationale a reçu plus de 870 dossiers provenant de victimes des essais nucléaires», a-t-il soutenu avant d’annoncer le dépôt, il y a de cela trois mois, d’une plainte auprès du procureur de la République près le tribunal de Reggane.
LES CRIMES CONTRE L’HUMANITE SONT IMPRESCRIPTIBLES
«Cette démarche a pour but de demander de la partie française des réparations. Les autorités françaises doivent procéder à la décontamination des sites et contribuer au soin des victimes de ces essais», a-t-il fait savoir avant de déclarer que cette option s’inscrit dans une nouvelle stratégie après que la plainte déposée à la Haye en 2014 a été rejetée. Illustrant, selon lui, la loi du plus fort sur le terrain.
Pour sa part, l’avocat Mohamed Rafik, membre de l’Association algérienne des juristes, est revenu sur le dépôt de cette plainte pour indiquer que le code pénal algérien de 1969 condamne toute personne qui attente à la vie d’Algériens. «L’objectif de cette procédure judiciaire est de pousser les autorités françaises à réparer ce qu’elle ont fait il y a plus de 60 ans. Il y a encore des Algériens qui naissent avec de graves handicaps», a-t-il noté avant de souligner l’impérieuse nécessité de dépolluer les sites et de procéder à la construction d’un hôpital.