D’UNE RIVE A L’AUTRE, LES CAHIERS DE L’HISTOIRE DÉNIÉE

 

RÉPONSE A MACRON

 

Monsieur le Président de cette si grande nation, scrute bien l’horizon lointain de l’histoire, remue les tréfonds des siècles, tu y verras sur son cheval barbe, à l’heure où les gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête, un chef de guerre ganté dans son armure de fer et le glaive à la main, envahir Carthage avec ses milliers de centurions berbères ; il n’est point un général romain, c’est Massinissa, le roi des numides ; scrute encore, fronce davantage les sourcils, tu verras dans sa cage de lion un autre roi numide, Jugurtha, préférant mourir enchainé à l’infamie de se rendre à Rome ; après lui, tu seras ébloui par la noblesse de Juba II, cet autre roi numide, savant, auguste et juste, qui régna sur la Numidie, avec son épouse la reine Cléopâtre Sélénée, fille de la non moins auguste et noble Cléopâtre d’Egypte ; et si un jour, le destin te ramène du coté de Cherchell la Césarée, fais visiter à madame, son majestueux mausolée royal encore debout, témoin de cette histoire séculaire que tu dénies, mausolée dénommé le tombeau de la chrétienne, parce qu’elle a cru en la chrétienté avant toi, parce que Jésus était prophète en cette terre avant son frère Mohamed ; revois tes cahiers d’écolier, tu y verras que Saint Augustin dispensait aux hommes du côté d’Hippone, les enseignements du Christ ; et si tu lorgnes du côté de la Méditerranée à la fin de votre ténébreux moyen âge, tu verras Barberousse, Raïs Hamidou et leurs corsaires, mener triomphalement au milieu des flammes, des vagues déferlantes et du grondement des canons, la bataille navale ; plus à l’ouest, tu entreverras Tarik Bnou Ziad, yatagan à la main, débarquer en Andalousie.

Si tu fais une virée du côté de Bejaia, tu y rencontreras Léonard de Vinci venu s’abreuver des mathématiques, et si tu es chanceux, tu y croiseras Ibn Khaldoun  méditant sa célèbre Muqaddima. Si tu vadrouilles du côté de la ville des rois  Tlemcen, là où repose le prophète Joshua, et jusqu’où Moïse a suivi la voie de son  Seigneur, tu seras subjugué par l’art mauresque et par les mélodies de Ziryab, aussi sublimes que celles de Mozart ; Et si tu t’égares un jour dans les ergs arides et caillouteux brulés par un soleil ardent, l’ombre de Tin Hinan, la légendaire reine des hommes bleus, te portera fraternellement secours.

Et puis, tu perçois ce bruit de galop au loin? C’est l’Emir Abdelkader,, haranguant ses troupes à El-Maktaa et poursuivant sabre à la main,  les troupes défaites du général Trézel ; quant à Fatma N’soumer, plus que Jeanne d’Arc, elle est pour la postérité une sainte héroïne, occise par la même haine qui a déchiqueté l’angélique et si frêle Hassiba, presque une enfant.

Pas si loin de toi, demande à Bigeard de quelle trempe était Ben M’hidi, et aux tortionnaires de Graziani quelle femme si tenace était Djamila.

Sans bellicisme aucun et loin de tout fanatisme, nous savons combattre pour notre cause juste, et nous savons mourir; si tu doutes un instant, demandes à ceux avec lesquels nous avons combattu à Verdun, demandes aux tiens qui nous ont combattus dans nos montagnes, demandes à ceux qui étaient avec Sharon à Suez, ils te diront. Tes cahiers d’histoire t’apprendront que les nord-africains ont formé l’essentiel de l’Armée de la France Libre, et alors que les Alliés, en un si long  et pénible jour débarquaient en Normandie, la troisième Division d’Infanterie Algérienne libérait l’Italie. Comme du temps de Massinissa et des guerres puniques. Ils t’apprendront aussi que le premier combattant Français entré à  Berlin était un Algérien.

Et au moment où le Monde Libre célébrait la victoire des alliés sur les Nazis, quarante  cinq milles martyrs Algériens étaient massacrés  de l’autre coté à Sétif, Kherrata, Guelma et ailleurs ; ce n’est pas Stora qui pourra l’absoudre, ni absoudre par un discours si savant, le génocide de tribus entières, les massacres et  les enfumades; mais aujourd’hui, ironie de l’histoire, ce ne sont plus les hommes que le néocolonialisme cherche à tuer, ce sont plutôt leur mémoire et leur histoire qu’on veut effacer, dénaturer à tout prix ; pour donner bonne conscience au bourreau d’hier.

La propagande, la désinformation et le mensonge ne peuvent retourner dans le temps pour changer les faits ; le temps ne recule jamais, il ne fait qu’inexorablement s’avancer vers le jour du jugement dernier. Quant à notre histoire, celle de nos vaillants martyrs, nul en ce bas monde ne pourra la pervertir.

Certes, Monsieur le Président, tes propos sont inconvenants, tu t’es laissé entrainé par une malencontreuse rhétorique, mais nous ne haïrons pas la France à cause de toi, ni à cause de Marine, car vous ne seriez que les épines de la rose. Nous ne pouvons pas non plus haïr nos frères chrétiens ou juifs, car c’est Allah qui fit descendre la Thora et l’’Evangile avant le Coran ; mais le racisme et le sionisme, l’oppression et l’aliénation des peuples, nous les honnirons et combattrons toujours.  A bon entendeur salut.

Plus que le Commonwealth, plus qu’une francophonie en mal d’hégémonie, l’Algérie a en la Tarîqa Tidjania, qu’avait balisée Sidi Ahmed Tidjani, cinq  cents millions d’adeptes. Outre cela, Alger est la Mecque de tous les révolutionnaires, et Che Guevara, Mandela, Amilcar Cabral et tous les révolutionnaires du monde sont algériens d’esprit. Plus qu’une nation, l’Algérie est une culture, une foi, une cause.

Votre tour Eiffel s’enorgueillit toujours du fer de Miliana, et la maison blanche luit du marbre de Skikda ; le corail le plus écarlate, c’est à La Calle, la plus paradisiaque plage est à Ziama et la plus enivrante oasis, se trouve à El Goléa. L’Algérie est tellement riche de ses ressources, mais plus que tous les trésors, sa plus grande richesse demeure sa jeunesse.

Que le salut soit sur notre prophète Mohamed, qu’Allah guide hommes et femmes sans distinction, qu’il leur prodigue sa clémence, et qu’il enveloppe  de sa protection l’Algérie, terre bénie, terre des prophètes, terre des saints et terre des martyrs.

GUETTAF Mohamed Abdennacer.

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