Consécration de plusieurs années de labeur, l’Algérie porte son patrimoine matériel à l’universalité

 Quelques années après l’adoption de la Convention de l’Unesco pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel en 1972, l’Algérie a ratifié ce texte et entamé les procédure pour préserver son patrimoine et intégrer la prestigieuse liste du Patrimoine de l’humanité avec le classement de sept éléments entre 1980 et 1992.

Après ratification de la Convention en 1974, l’Algérie, qui fête cette année le soixantenaire du recouvrement de sa souveraineté nationale, fait montre d’un grand intérêt pour la préservation et surtout la mise en valeur de son patrimoine culturel matériel en adhérant pleinement au texte onusien, en formant des spécialistes et en créant les structures et cadres administratifs et législatifs nécessaires, dans une optique d’exploitation responsable.

L’Algérie a œuvré pour inscrire son premier bien culturel dans l’universalité, « La Kalâa des Beni Hammad » à Msila, vestiges de la première capitale des Hammadites fondée au XIe siècle, qui aura été le premier site porté sur cette liste en 1980 pour être « l’un des complexes monumentaux les plus intéressants et les plus précisément datés de la civilisation islamique », selon l’Unesco.

Deux ans plus tard, l’Algérie présente l’un de ses dossiers les plus conséquents, un étrange paysage lunaire de grand intérêt géologique abritant l’un des plus importants ensembles d’art rupestre préhistorique du monde, plus de 15 000 dessins et gravures, inscrit au patrimoine mondial.

En plus de renseigner sur les changements climatiques, les migrations de la faune et l’évolution de la vie humaine, le Tassili N’Ajjer est aussi classé comme réserve de biosphère pour sa diversité naturelle, son écosystème, sa faune, sa flore et ses zones humides.

Cet espace qui abrite également un site Ramsar (une zone humide d’importance internationale particulièrement comme habitat des oiseaux d’eau), la vallée d’Iherir, est géré et préservé par l’Office du parc national culturel du Tassili.

La même année, trois des plus beaux et plus grands sites témoins de la période antique romaine sont également classés, en l’occurrence « Djemila » ou l’antique Cuicul à Sétif et « Timgad » à Batna, des exemples édifiant de l’urbanisme romain, et « Tipasa », seul site côtier comprenant un ensemble de vestiges phéniciens, romain et byzantins, et des sites locaux comme le tombeau de Cléopâtre Séléné.

Autre site millénaire classé en 1982, la Vallée du M’zab, premier centre historique habité algérien à intégrer le patrimoine de l’humanité pour ses cinq ksour parfaitement adaptés à l’environnement et conçus pour la vie en communauté, qui restent une source d’inspiration pour les urbanistes d’aujourd’hui. La gestion et la préservation de ce site ont été confiées à L’Office de protection et de promotion de la vallée du M’zab.

Dans le même élan, la ville méditerranéenne par excellence, la « Casbah d’Alger, va, elle aussi, intégrer la liste en 1992 pour ses mosquées, palais, vestiges et sa structure urbaine traditionnelle.

 

Six dossiers sur la liste indicative de l’Unesco

 

Six autres dossiers de biens culturels matériels algériens, sites oasiens et urbain, parcours thématiques ou encore monuments funéraires antiques, figurent également sur la liste indicative de l’Unesco, dans un état prévisionnel des biens à proposer en vue d’une inscription au patrimoine mondial de l’humanité.

Les dossiers des « oasis à foggaras et les ksour du Grand Erg Occidental », « Sites, lieux et itinéraires augustiniens du Maghreb central », « Nedroma et les Trara », « Oued Souf », « Les Mausolées Royaux de Numidie, de la Maurétanie et les monuments funéraires préislamiques », ainsi que le « Parc des Aurès avec les établissements oasiens des gorges du Rhoufi et d’El Kantara » figurent, comme le stipule la Convention de 1972, sur la liste indicative de l’Unesco.

Dans le registre des bonnes pratiques, l’Unesco a mis en avant le « programme de mise en valeur de la ville historique de Béjaïa », le programme de gestion durable du patrimoine mondial lancé à Constantine en 2002, des programme de sauvegarde, de développement et de promotion des techniques de construction traditionnelles dans la vallée du M’zab ainsi que des programmes locaux de sensibilisation et d’apprentissage tenus à Djemila et Tlemcen.

Depuis plus de vingt ans, l’Algérie s’était également dotée d’un instrument juridique, loi 98-04, ayant pour objet de définir le patrimoine culturel de la Nation, et d’édicter les règles générales de sa protection, sa sauvegarde et sa mise en valeur, permettant, par ailleurs, le classement définitif de centaines de sites et biens culturels au registre national et local.

L’Etat algérien, représenté par le ministère de la Culture et des Arts en coordination avec le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a également mené un projet de préservation de la biodiversité d’importance mondiale et l’utilisation durable des services des systèmes écologiques dans les parcs culturels algériens.

Ce projet a été mené sur dix ans en partenariat avec le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et le Programmes des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans les cinq parcs culturels créés depuis l’indépendance.

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