Catilinaire de l’Afrique

Au dix-neuvième siècle, des puissances du vieux continent étaient venues avec leurs légions et leurs jougs enchainer l’Afrique, piller ses richesses, dénaturer sa culture et pratiquer l’hilotisme à grande échelle. Parmi elles, le pays de Molière, qui a chiennédu racismeet de l’indigénat, et la perfide Albion, qui a cochonnédu sionisme et de l’Apartheid, fléaux qui rongentà ce jour l’Afrique et le monde ; paradoxalement, ces puissances coloniales sources de tous les maux, continuent à se targuer de civilisations, de démocratie et d’humanisme, et refusent toute rédemption de leurs méfaits.  Des myriades d’africains ont péri dans les mines, les plantations, les galères de bateau et les guerres que ces deux empires fomentaient ; l’ignorance, les maladies et la pauvreté sévissaient dans tout le continent, et l’identité africaine se diluait au profit d’une culture intruse. 

En Algérie, les généraux français dont Bugeaud, De Pélissier, De Lamoricière, ont commisdes massacres contre les populations autochtones durant ce qu’ils appelaient la pacification ; des tribus entières comme celle de Mezghenna dans la Mitidja, ont été exterminées jusqu’au dernier nouveau-né, et les mémoires laissés par ces criminels eux-mêmes qui reposent sans gloire au Panthéon, témoignent des massacres et des enfumades perpétrées à Laoufia (1832), Ghar-Ferafiche (1845), Zeâtcha(1849), Laghouat (1852), Djurdjura (1857) et Sétif (1945) entre-autres.

Les chefs de la résistance populaireétaient décapités, et leurs crânes sont encore conservés au musée par une France macabre ; les autres étaient déportés par milliers au bagne en Nouvelle-Calédonie pour ne plus revenir, et leur descendancen’oubliera jamais qu’une lointaine terre africaine qui s’appelle « El-Djazaïr », est aussi leur patrie.

A l’oasis de Regane, en ce jour fatidique du 13 février de l’an 1960La vie s’égrenait paisiblement dans la quiétude et la torpeur, quand  l’apocalypse se déchaîna :La France venait de faire exploser une bombe nucléaire d’une puissance inouïe, trois fois supérieure à celle de Hiroshima ;Subitement, les rares oiseaux se pétrifièrent en plein vol, les lézards et les reptiles ont fondu avec la pierre et le sable, les jujubiers et les acacias se sont volatilisés, et il n’est resté des chameaux  errants que quelques ossements calcinés ; la cendre avait remplacé le sable,  toute forme de vie avait été happée par l’explosion, laissant la place à la mort et la désolation, et les immenses contrées désertiques offraient un paysage apocalyptique et lugubre.

Aujourd’hui, Les effets nocifs de la radioactivité et de la pollution persistentencore, et tout l’écosystème de la région a étéirrémédiablement détruit. A ce jour, les populations locales souffrent encore des effets de ces essais, qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et engendré des maladies incurables, Bien hélas, le printemps au Sahara n’aura plus cette senteur de l’absinthe, des genets et du romarin sauvage, les oiseaux migrateurs se garderont de traverser la région, et les cailloux brûlés témoignent encore de la quiétude des lieux violée par la sinistre opération gerboise bleue ; de même, les lignes minées de Challes et Morice aux frontières Est et Ouest, continueront pendant longtemps de faire des victimes.

Le colonialisme français a poussé l’ignominie jusqu’à instaurer des zoos humains chez lui, pour exhiber aux touristes la vie dans les villages africains, leurs coutumes, leurs accoutrements et leurs danses autant que des animaux sauvages, comme au parc d’acclimatation à Paris ou au village de Bamboula à Nantes.

Aussi, il faut être vraiment mauvais élève de l’histoire, pour demander aussi cyniquement à l’Afrique de remercier l’exécrable colonialisme.

L’aurore n’a pas tardé à poindre, et l’Afrique, menée par ses chantres Ben M’hidi, Benbella, Mandela, Lumumba, N’Kruma, Bennabi, Aimé Césaire et tant d’autres de ses fils, et après d’âpres luttes d’indépendance, a pu briser ses chaines et chasser le colonialisme ; le tribut payé pour la liberté avait été très lourd en martyrs et en souffrances, et Madiba, après vingt-six ans de réclusion, put sortir enfin de sa geôle à Robben Island et chanter avec Myriam Akeba, « Mama Africa » et « lanation arc en ciel ».

Mais insidieux et toujours voraces, les vautours d’hier sont revenus en Afrique sous une nouvelle forme déguisée: le néocolonialisme ; Ce dernier, cynique, arrogant, prédateur et égoïste, s’était acoquiné avec des régimes impopulaires qu’il corrompait, mettait et démettait à souhait, ciblant les politiques véreux plutôt que les populations, jouant sur les rivalités, les intérêts et les différences ethniques, contrôlant l’industrie du bois, le pétrole, les secteurs des mines, de la sécurité, de la communication, du transport, des banques, le commerce du café, des fruits exotiques et installant des bases militaires comme épouvantail  pour maintenir son diktat.

Au lieu de connaitre le développement et la paix, les pays africains fraichement indépendants, se sont enlisés dans les conflits tribaux et frontaliers, la pauvreté et les pandémies, et le pillage de leurs ressources naturelles continuait de plus belle ; dans les pays du Sahel et outre le néocolonialisme, d’autres prédateurs aussi voraces et attirés par les richesses du sous-sol, dont les terres rares, l’or et l’énergie fossile, ont commencé à investir le terrain en jouant sur les rivalités et en attisant les conflits et le terrorisme.

Après l’avènement de la globalisation, les populations africaines ont prisprogressivement conscience de leur aliénation, et se sont soulevées contre les régimes en place favorables au néocolonialisme ; de jeunes officiers, instruits et courageux, fidèles au serment de Thomas Sankara qui rêvait d’une Afrique libre, furent portés au pouvoir par une population outrée par l’exploitation et la mal vie ; ils prirent le contrôle de leurs richesses, clamèrent leur identité africaine et sommèrent le néocolonialisme à plier bagage.

Dénoncée et dénudée, au bord de la faillite économique et sociale, livrée au racisme et à l’extrême droite, infiltrée par le sionisme qui l’a conduite à renier les principes d’humanisme pourtant nés sur son sol, la France s’est trouvée à un tournant crucial de son histoire ; ses nouveaux héraults, racistes, pervertis à souhait et incompétents, l’ont laissée à la traîne des grandes puissances, ballotée qu’elle était entre l’oncle Sam, l’ours russe et le dragon chinois, dans une Europe en naufrage ;dépités et frustrés, ils déversentleur ire sur l’Algérie africainesouveraine, convaincus quecettefois-ci, les vents qui soufflaient sur l’ Afrique étaient aussi inspirés par elle, tout comme la première étincelle des luttes d’indépendance était partie de la révolution algérienne.

Pourtant et au vu de son histoire séculaire et de ses valeurs depuis la Saint Brumaire, la France aurait pu incarner la conscience de l’humanité, si elle avait fait sa rédemption du colonialisme, et si elle avait milité pour la solidarité entre les peuples, la lutte contre les maladies, la pauvreté, l’analphabétisme, le sous-développement et les conflits;  elle a préféré l’arrogance, le pillage et l’attisation des conflits entre hutus et tutsis, arabes et peuls, musulmans et chrétiens, parrainant les mouvements séparatistes et fomentant l’agitation, la sédition et les renversements ; l’histoire retiendra l’implication grave de la Francedans le génocide d’un million de tutsis rwandais, et c’est la commission française de l’historien Vincent Duclert qui l’a confirmé en 2019.

Et puis maintenant et en Afrique occidentale, la France s’est trouvée un instrument de choix en un régime marocain du Makhzen, son ancien protectorat promu nouveau colon,chargéd’exécuter ses sales besognes et les mauvais desseins du sionismeen Afrique.

Mais tout n’est pas désespéré pour cette France: Des voix justes, des femmes et des hommes libres en France, continuent de clamer le devoir de fraternité, liberté, égalité et le chemin de l’humanisme et de respect des autres peuples que devrait emprunter la France.  De ceux-là, Mélenchon, Ségolène, De Villepin et tant d’autres représentent une perche de salut pour la France et pour l’humanité.

Comprendre les peuples tels qu’ils sont, respecter leur identité, leur religion et leurs coutumes ne peut que rapprocher les hommes. La tentative d’assimilation des peuples africains à une culture étrangèrerelève d’une pensée coloniale toujours tenace et persistante, et l’incompréhension et le dédain ne peuvent qu’engendrer chez eux la rancune et la haine.; culturellement, la France appartient au bloc occidental qui, sous couvert de la liberté, s’est perverti et a instauré dans sa société les mariages contre-nature, l’inceste, le bi-sexisme, les mutations transgenres, jusqu’à la fornication avec les animaux, dépassant de loin le peuple maudit de Lot ; attentant à la création divine, les occidentaux manipulent la génétique, pratiquent le clonage, et veulent restituer la création humaine par le biais de l’intelligence artificielle et la robotique.

Quant à l’Afrique, notre Afrique, elle restera profondément attachée à ses valeurs, pudique et respectueuse de la nature humaine. Nous vénèrerons toujours nos patriarches et nos gourous, et loin de nous toutsacrilègeou perversité ; dignes, nous mangerons des herbes s’il le faut, dormirons à la belle étoile sur des hamacs, pêcherons et chasserons dans nos fleuves et notre savane, et quand nous ressentirons de la peine, nous danserons au rythme de nos Tamtams et nos derboukas pour exorciser le mal.

Si vous, vous ne pensez qu’en monnaie sonnant et trébuchante, notre culture et notre honneur sont toute notre richesse, et ils enlacent étroitement nos âmes jusqu’à en faire partie intégrante ; l’essence de notre culture est toujours la même quelle que soit la tribu : extérioriser notre joie, exprimer notre peine, exorciser le mal, apaiser nos âmes, chanter l’honneur et la gloire de l’Afrique, affirmer notre identité, et dissuader tout ennemi extérieur.

En fin de compte, notre appartenance africaine resterapérenne, quelle que soit notreethnie, et elle se résume à l’instinct inné chez nous d’être libres et d’exister, d’affirmer notre identité,de défendre notre honneuret de clamer notre fraternité.

Abdennacer GUETTAF

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