BANQUES PUBLIQUES: La mesure de la performance, l’outil manquant pourtant indispensable
La modernisation de la gouvernance bancaire est une dimension stratégique des réformes structurelles globales du secteur financier. Il s’agit d’asseoir de nouvelle règles et normes de management compatibles avec les exigences de l’efficience et de l’efficacité, notamment en matière de prévention et de gestion des risques. Dans cette optique, «la mesure de la performance des banques devient un outil indispensable au développement et à la survie d’une banque qui se trouve dans un environnement concurrentiel». Les résultats d’une étude réalisée par Bessai Kessouh Fadila (Ecole des Hautes Etudes Commerciales EHEC Koléa ), doctorante à la chaire Marketing, Faculté des sciences économiques et sociales, Université de Fribourg (Suisse), consacrée à l’analyse des indicateurs de la performance des banques algériennes, ont ressorti «que les banques privées sont plus performantes que les banques publiques, car ces dernières demeurent handicapées par les crédits non performants».
L’analyse, qui cadre avec les mutations en cours au niveau du secteur financier, souligne qu’«une démarche d’évaluation de performance s’appuie en premier lieu sur la définition d’une entité, lieu physique ou conventionnel de délégation d’une responsabilité et de prise de décision. Il convient donc de cerner la notion de l’agence et de comprendre son activité avant de passer à la mesure de la performance». En conséquence, «la mesure de la performance des agences reste indispensable pour obtenir la performance globale de la banque». Aussi, «la mesure de la performance joue un rôle central dans le contrôle. Elle consiste à faire un rapprochement étudié de ces trois pôles, à savoir les objectifs, les moyens et les résultats», indique Bessai Kessouh Fadila.
Une exigence qui résulte de l’évaluation de la performance des banques publiques et privées en Algérie, laquelle démontre que «les Banques publiques demeurent handicapées par le poids des crédits non performants». Une situation en rapport notamment avec les «dispositifs adoptés par les pouvoirs publics dans le cadre de la création des petites et moyennes entreprises (ANSEJ, CNAC, ANDI, ANGEM)», relève l’analyse, qui se réfère aux résultats de travaux de recherche menés en 2018, et qui ont montré que «les banques étatiques ont été menacées par les politiques de distribution de crédits qui étaient soldées par des problèmes de qualité des actifs, de solvabilité et de liquidités.
L’implantation des banques étrangères en Algérie a eu un effet direct sur l’évolution du secteur bancaire. Ces banques privées ont réussi à se démarquer et à acquérir une bonne part du secteur bancaire algérien en un temps restreint «En revanche, note Bessai Kessouh Fadila, pour les banques privées, la hausse du volume d’activité est suivie par une légère hausse des résultats». Les mêmes conclusions permettent de déduire que la «performance représente une composante essentielle du management de la banque, car elle permet de faire connaître la stratégie globale et de prendre des décisions. Cela s’explique par l’importance de la mise en place du système de mesure de la performance au sein des banques algériennes», explique-t-elle. L’auteur constata dans sa recherche que «le niveau de la marge bancaire des banques privées est supérieur à celui des banques publiques, car les frais bancaires sont importants dans les banques privées, notamment en termes de digitalisation des activités».