Allocution du président de la République au 15e Sommet de l’OCI

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a adressé, samedi à Banjul (Gambie), une allocution au 15e Sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), prononcée en son nom par le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui. En voici la traduction APS :

« Au non d’Allah, Clément et Miséricordieux,

Excellence, M. Adama Barrow, président de la République de Gambie, pays frère,

Excellences,

Monsieur le Secrétaire général,

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi, tout d’abord, d’adresser mes vifs remerciements et de dire toute mon estime à mon frère, M. Adama Barrow, président de la République de Gambie, pays frère, et président en exercice de l’Organisation de la coopération islamique, pour l’accueil de ce sommet, lui souhaitant plein succès dans la conduite de ses travaux pour parvenir à des résultats positifs qui soient à la hauteur des aspirations de nos peuples et qui permettent de relever les défis auxquels nous sommes confrontés, en tête desquels notre cause centrale, la cause palestinienne, pour laquelle cette organisation a été créée et qui demeure une source d’unité placée au cœur de son action commune.

Le peuple palestinien frère, notamment dans la bande de Ghaza, subit, depuis plus de six mois, une guerre de génocide menée par l’occupation israélienne. Des massacres sont commis et des enfants, des femmes et des personnes âgées sont tués quotidiennement au vu et au su du monde sans que la conscience mondiale et humaine ne s’émeuve.

En plus des souffrances qu’ils endurent sous les bombardements et des massacres, les Palestiniens dans de nombreuses régions sont en proie à la politique de la famine délibérée avec l’interdiction de l’acheminement des aides humanitaires imposée par l’autorité d’occupation.

Devant ces crimes, les organisations et institutions internationales demeurent incapables, politiquement, d’appliquer les résolutions de la légalité internationale, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme, alors qu’elles se sont toujours prévalues de leur attachement à la paix et au dialogue des civilisations entre les nations. Comme si l’Humanité avait perdu en Palestine toute once d’humanisme et de civilisation. Ni loi, ni principe, ni valeur, ni morale.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Ce qui se passe en Palestine occupée ne marque pas seulement la disparition du droit international ou l’effondrement de l’ordre mondial basé sur des règles communes. C’est un coup porté à la légitimité même du droit international et des droits de l’homme en tant que concepts et

Doctrine. En effet, que reste-t-il des droits de l’homme quand nous voyons, en Palestine, un occupant renier toutes les valeurs humaines et déshumaniser et priver tout un peuple de son droit à l’existence.

C’est pourquoi, nous devons œuvrer de concert et étroitement au niveau international à soutenir la lutte du peuple palestinien pour la libération de sa terre occupée et l’accès à ses droits légitimes à l’établissement de son Etat indépendant avec El-Qods comme capitale, tout en adoptant une approche plus ferme et plus énergique pour amener la communauté internationale à assumer sa pleine responsabilité dans la protection du peuple palestinien et la cessation des actes criminels, des meurtres systématiques et des atrocités barbares infligées aux civils palestiniens sans défense dans tous les territoires occupés.

L’Algérie a déjà prévenu que les dangereux développements dans la région et leurs graves répercussions sur la sécurité et la paix internationales étaient la conséquence de la poursuite du déni du droit historique du peuple palestinien à l’établissement de son Etat indépendant, du passage sous silence des crimes et des politiques coloniales auxquels se livre l’occupation et de l’incapacité de la communauté internationale à imposer le respect du droit international et à contraindre l’occupant israélien à s’y conformer et à arrêter son projet expansionniste de colonisation des territoires palestiniens.

Si l’affirmation des droits immuables du peuple palestinien est un impératif tant juridique que moral, il est d’autant plus crucial, face à l’agression à laquelle se livre l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, de réaffirmer notre rejet de l’approche sélective appliquée aux principes du droit international et des fondements de la légalité internationale, qui assimile la victime au bourreau. Comment un peuple sous le joug de l’occupation depuis des décennies et en proie chaque jour aux massacres et à la destruction pourrait-il être accusé de terrorisme, alors que les lois et la légalité internationale lui reconnaissent le droit à la résistance et à l’autodétermination.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

L’Algérie, qui continuera à porter les préoccupations de notre groupe et à défendre sa cause centrale au sein du Conseil de sécurité, réitère son appel à la communauté internationale et à toutes les âmes éprises de liberté et les consciences vivantes à travers le monde à assumer leurs responsabilités en mettant fin à cette tragédie humaine, et ce, à travers :

– L’arrêt immédiat, permanent et inconditionnel de l’agression contre le peuple palestinien, l’acheminement des aides humanitaires vers la bande de Ghaza et l’intensification des efforts pour garantir la mise en œuvre immédiate et de toute urgence des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment la résolution 2728.

– L’activation de tous les mécanismes juridiques internationaux disponibles pour demander des comptes à l’occupation et poursuivre les auteurs de crimes de guerre, de génocide et d’autres actes interdits par le droit.

– La relance d’un processus politique visant à trouver une solution globale, juste et définitive à la question palestinienne, garantissant la fin de l’occupation des territoires palestiniens et consacrant le droit du peuple palestinien à l’établissement de son Etat indépendant avec El Qods comme capitale.

– La consolidation de la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien en œuvrant à son adhésion pleine et entière à l’ONU.

Notre responsabilité en tant que membres de l’Organisation de la coopération islamique nous dicte de nous engager collectivement à défendre nos causes justes, la cause palestinienne en tête, et à contrecarrer toutes tentatives de porter atteinte aux lieux saints de la Nation musulmane, à travers une action collective d’urgence par tous les mécanismes disponibles afin que notre Organisation puisse assumer sa responsabilité historique, juridique et morale dans la défense de nos lieux saints, en tête desquels la ville d’El-Qods, en proie quotidiennement à la judaïsation et au nettoyage ethnique, et la Mosquée Al-Aqsa, en proie à la profanation, ce qui lui permettra de contribuer au façonnement de l’ordre international, qui connaît des développements profonds et rapides, et de remédier ainsi à la marginalisation historique de notre communauté.

Nous devons également agir selon une approche globale et cohérente pour contrer l’islamophobie, qui cible constamment et quasi-systématiquement notre communauté musulmane, et contrecarrer les tentatives de saper les fondements de la nation musulmane sous de faux prétextes, qui prennent parfois pour couverture et justification fallacieuses la liberté d’opinion et d’expression.

Qui plus est, notre engagement collectif à lutter contre l’extrémisme et le terrorisme et à bannir le discours de haine doit s’accompagner en contrepartie de la lutte contre le discours de haine et l’extrémisme ciblant nos fondements, de manière à garantir la promotion des valeurs de coexistence et la culture d’ouverture et de tolérance, tel que le stipule la résolution 72/130, adoptée en décembre 2017 par l’Assemblée générale des Nations Unies à l’initiative de l’Algérie, proclamant le 16 mai Journée internationale du vivre-ensemble en paix.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

La réalisation de ces nobles buts et la défense de ces causes justes pour lesquelles notre organisation a été créée exigent de revoir la gouvernance de l’Organisation de la coopération islamique et de réaliser les réformes qui s’imposent conformément à la décision adoptée à l’initiative de l’Algérie, afin qu’elle puisse relever les défis multidimensionnels et faire face aux dangers.

Notre organisation se trouve aujourd’hui à un moment charnière où elle doit assumer sa responsabilité devant l’histoire, relever les défis découlant de la conjoncture critique que traverse notre nation et prendre des positions et des décisions qui reflètent véritablement les aspirations et les espoirs de nos peuples musulmans.

Je vous remercie de votre attention ».

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