Affaire Naturgy: Les émiratis en lièvre pour Black Rock?
Nos confrères de La Patrienews et d’Algérie Maintenant; ont révélé citant des sources bien informées que « l’Algérie procédera à la résiliation du contrat d’achat et de vente signé avec Naturgy et cessera de ce fait, les livraisons de gaz algérien à cette compagnie», de surcroît à l’Espagne, si la compagnie publique espagnole du gaz et d’électricité céderait au profit d’une autre entreprise.
Si l’Algérie mettrait ses menaces à exécution, c’est toute la sécurité énergétique de la péninsule ibérique qui sera pénalisée et mise à rude épreuve dans la mesure où l’Algérie selon les chiffres de l’opérateur espagnol Enagás, publiés à la fin du précédent exercice de 2023, avait fourni 29,2% des quantités de gaz importées par l’Espagne. une quantité supérieure à celle des États-Unis, qui occupent désormais la deuxième place, suivis par la Russie, sur le registre des fournisseurs gaziers de l’Espagne. L’Espagne a importé un total de 397 897 GWh de gaz naturel en 2023, parmi lesquels 116 282 GWh (dont 21 410 GWh de GNL) proviennent de l’Algérie.
Le Fonds d’investissement américain Black Rock à l’affut
En dehors de ce lot quantitatif d’informations traitant cette affaire d’éventuel rachat de Naturgy, il est primordial d’expliquer, selon l’expert algérien en bourse et énergie Nouredine Legheliel, la composante des actionnaires de la compagnie publique espagnole du gaz er d’électricité. Les espagnols possèdent 47,4% la banque Caixa Criterea 26,7%, et le fonds d’investissement catalan Rioja 20,7% le Fonds d’investissement de Hong Kong établi à New York aux USA GIP avec 20.6%, racheté au passage le 12 janvier 2024 par le Fonds d’investissement américain Black Rock, les australiens Global Infraco avec 15% et la Sonatrach, avec 4.1%.
Notre interlocuteur note que la banque espagnole Caixa Criterea, est le principal actionnaire du fonds public de pension Estavis avec 30%, et l’Etat espagnol avec 16%, .La banque espagnole ne peut vendre aux émiratis sans l’aval des principaux actionnaires. Par ailleurs, il faut noter que Rioja, le fonds d’investissement espagnol domicilié au Luxembourg est actionnaire avec 20,6%, . Rioja est spécialisé dans l’industrie énergétique. En 2023, Naturgy avait glané près de deux milliards de dollars comme dividendes.
Les émiratis en lièvre
Pour mieux comprendre le complot fomenté par Abou Dhabi contre l’Algérie et l’estocade du président du Conseil espagnol Pedro Sanchez, il faut revenir à la visite de ce dernier aux Emirats Arabes Unis ou il a rassuré leurs hôtes qu’il travaillerait pour assurer l’approvisionnement du régime du Makhzen en gaz, trois mois après que l’Algérie ait décidé de cesser ses livraisons gazières via le GME, en réponse à la guerre menée par le roitelet et sa bande makhzenienne contre le pays des martyrs.
Même s’il avait tenté de rassurer vainement les algériens, Pedro Sanchez cède totalement au régime du Makhzen dans la foulée de la fameuse lettre du 18 mars 2022, en procédant à un revirement au profit de la position de l’occupant marocain dans le dossier de décolonisation du Sahara occidental, suivi d’une visite à Rabat quelques jours après pour porter allégeance au roitelet Mohamed VI, dans le sillage du scandale de Pegasus et des affaires scabreuses de son épouse Begoña Gomez. Alger n’a pas tardé à réagir en procédant au gel du traité de partenariat, de coopération et de bon voisinage vieux de deux décennies, plongeant plusieurs secteurs économiques espagnols dans la crise, en représailles à la trahison de Pedro Sanchez.
Aujourd’hui, il est clair que les émiratis avaient joué un rôle comploteur contre l’Algérie au profit de son allié makhzenien, dans la cadre global des accords d’Abraham et la normalisation avec l’entité sioniste. Une normalisation rejetée totalement par Alger, la qualifiant de liquidation de la cause palestinienne, considérant par le président Tebboune et le Peuple algérien, comme une cause nationale.
Aujourd’hui, il est clair, que les émiratis comptent s’accaparer du fleuron énergétique espagnol pour asphyxier l’Algérie, via le rachat de Naturgy, avant de la céder au Fonds d’investissement américain Black Rock, qui avait déjà mis la main sur les richesses de l’Ukraine depuis octobre 2022, quelques mois après le début du conflit en Ukraine.
Si les autorités espagnoles avaient exprimé leur refus de céder aux tentatives de la convoitise émiratie, il en demeure, que le pr »aident du Conseil espagnol Pedro Sanchez, versatile, affaibli et vulnérable est capable de tout pour rester au pouvoir. D’ailleurs, il avait déjà évoqué sa démission avant de se rétracter. Un avenir politique qui dépend selon les observateurs des performances de sa formation politique la PSOE, dans les élections européennes du mois prochain et de la résistance aux lobbys financiers pour le rachat de Naturgy. Il convient de rappeler, que la société émiratie Taqa, société d’énergies renouvelables contrôlée par l’émirat d’Abu Dhabi ,avait mis comme objectif de mettre la main sur la société énergétique espagnole Naturgy, en rachetant les plus de 41% du capital détenus par les fonds CVC et GIP . Le gouvernement espagnol retirerait-il son bouclier pour protéger l’entreprise espagnole, comme il l’a fait avec le projet de l’Arabie saoudite d’acheter 9,9 % de Telefónica pour devenir son principal actionnaire ?
Sumar, partenaire minoritaire du gouvernement de coalition, a déjà demandé d’activer ce « bouclier anti-OPA » et d’empêcher, avec l’argent public, le groupe émirati de devenir l’actionnaire principal de l’énergéticien.
Emirats proches de l’Espagne
Les relations entre les Émirats arabes unis et l’Espagne sont bonnes, en partie grâce aux liens qui unissent les familles royales. Le désormais ancien souverain espagnol Juan Carlos s’y est réfugié en 2020 , au milieu de ses ennuis judiciaires. En 2016, l’arrivée du cheikh de Dubaï Mohammed bin Rashid en Espagne a été très appréciée . Il a été reçu par le président d’Estrémadure de l’époque, Guillermo Fernández Vara, sur les marches d’un Boeing 747 qui atterrissait à Badajoz. Le cheikh avait acquis un immense domaine dans la région d’Olivenza.
Pedro Sánchez a visité la fédération des émirats en 2022 et a signé une déclaration commune avec le prince héritier d’Abou Dhabi pour créer un partenariat stratégique entre l’Espagne et les Émirats arabes unis .