Quand Paris joue au théâtre des grands mots !
Il semblerait que certains à Paris aient récemment replongé dans leur vieux dictionnaire poussiéreux, celui des grandes indignations. Vous savez, l’édition spéciale réservée aux moments où la souveraineté d’un pays du Sud ose chatouiller l’ego d’une certaine élite.
Cette semaine, le Président Macron, visiblement ému, a convoqué la lettre D et, le ton grave, nous a gratifié d’un “L’Algérie se déshonore”. Pendant ce temps, Bruno Retailleau, pas en reste pour briller sur scène, a feuilleté la lettre H et lâché un flamboyant “L’Algérie cherche à humilier la France”.
Déshonore ? Humilie ? Mais, quels mots dramatiques… On s’attendait presque à ce qu’ils réclament un duel à l’épée, capes et plumes au vent, place de la Concorde.
Mais que s’est-il donc passé pour mériter un tel festival lexical ?
Un influenceur expulsé de France a été refusé par l’Algérie. Oui, comme un colis Amazon renvoyé… mais sans le petit bon de retour prépayé ni la gentille note de remboursement.
Boualem Sansal ? Il est poursuivi non pour sa plume, mais pour atteinte à la sûreté de l’État et atteinte à l’intégrité du territoire national, conformément à la législation algérienne souveraine.
Et pourtant, patatras, les voilà déclamant des discours dignes d’une tragédie shakespearienne : “Honte ! Oubli de la grandeur ! Abandon des valeurs !”
Reprenons ces grands mots, voulez-vous ?
Déshonorer : selon le dictionnaire, c’est porter atteinte à son propre honneur, se couvrir de honte.
Est-ce protéger sa souveraineté, appliquer ses lois et contrôler qui entre sur son territoire ? Non. C’est juste… être un État normal.
Humilier : infliger une blessure à l’orgueil, blesser la fierté.
Renvoyer un ressortissant expulsé ? Ou rappeler qu’un pays ne reçoit pas d’ordre venu d’ailleurs ? Hum, toujours non.
Soyons clairs : déshonorer, c’est s’aplatir devant des injonctions extérieures.
Humilier, c’est faire croire qu’un État a des comptes à rendre à un autre.
Le vrai problème ?
C’est qu’Alger a osé… dire non.
Pas de spectacle, pas de mea culpa, juste un rappel calme et ferme : L’Algérie est souveraine. Elle n’a ni à se justifier, ni à s’excuser.
Alors, chers amateurs de tragédies grandiloquentes, reposez ce vieux dictionnaire des mots outrés, respirez un grand coup, buvez une tisane bien chaude…
Et surtout, dédramatisez.
Contribution : Lotfi Yagoubi