Gaza la martyre

Dans les ruelles étroites et obscures de la cité oubliée, le brouhaha des murmures inintelligibles des survivants servait de bruit de fond à l’appel à la prière du crépuscule. Les complaintes gémissantes invoquaient en des récits mystiques, les légendes et les épopées ancestrales depuis Omer et Saladin, enveloppant de mystère les âmes tourmentées qui hantaient ces lieux lugubres. Leurs regards hagards se tournaient vers les innombrables victimes torturées, écrabouillées, déchiquetées, poursuivies par une implacable malédiction, comme si les ténèbres et les forces maléfiques avaient tissé implacablement leur funeste destin. Pendant ce temps, dans les hautes sphères du pouvoir des forces occultes et des sociétés secrètes, les seigneurs des contrées voisines défilaient en une étrange procession dans un satanique rituel empreint de magie noire. Là, devant une entité occulte et insaisissable, ils prêtaient allégeance, semblant hypnotisés et ensorcelés par cette force qui les inclinait à la servitude et les possédait. Ils devaient d’abord avant de se prosterner, boire jusqu’à la lie, un calice rempli du sang d’un enfant palestinien. Tandis que le même sang des innocents giclait tout autour, les massacres se suivaient, en offrande à l’entité démoniaque pour l’apaiser. En un souffle, en un clin d’oeil, des centaines d’innocents étaient sacrifiés sauvagement, des vies précieuses étaient brutalement happées par la cruauté des ténèbres. La cité tout entière était saisie d’horreur et de désespoir, et l’égarement et la panique se répandaient, submergeant les âmes tel un élixir fatidique. Les sages et les gourous, gardiens du savoir ancien, scrutaient les parchemins sacrés, cherchant des présages dans les prophéties, convaincus, que ces événements cauchemardesques échappaient au domaine du rationnel, que quelque chose d’extraordinaire prenait forme… Parmi eux l’Imam de la mosquée, d’une sagesse séculaire, le visage crevassé par les rides et les années passées, s’avança solennellement vers le minbar après la prière des morts, pour s’adresser à la communauté. Sa voix rauque et saccadée résonna avec gravité : « J’ose affirmer, avec une conviction aussi solide que les fondements des montagnes, qu’un bouleversement inouï a secoué notre réalité. Nous faisons face à l’avènement prophétique de l’Antéchrist, cette figure maléfique de l’eschatologie.
Après que les fils d’Israël eussent traversé la mer rouge et touché le rivage des roseaux, après avoir vu de leurs yeux le miracle de la mer s’ouvrant à leur passage et se refermant sur le pharaon et ses troupes, le prophète Moȋse les avait quittés quarante nuits pour exaucer le rendez-vous du Dieu des univers. A son retour, il trouva que le Samaritain les avait égarés en leur dressant un veau d’or qu’ils s’étaient mis à adorer avec ferveur. Furieux, Moȋse jeta les planches sacrées par terre et agrippa son frère Aaron qu’il se mit à trainer ; Aaron se défendit : « O fils de ma mère, je n’ai rien pu faire pour les en empêcher, et j’ai craint de semer la discorde parmi eux ! » Moȋse déchiqueta et brula la statue qu’il jeta à la mer et immina au Samaritain qu’il est appelé à égarer une seconde fois les temps derniers, les fils d’Israël. Maintenant, le Samaritain est là, il a fait sa résurrection fatidique en l’Antéchrist maléfique !. Il commanditera l’hécatombe et se targuera d’être le Messie promis, poussant l’apostasie jusqu’à prétendre être le Dieu des hommes. Apparu avant le Jour du Jugement. Il est parmi nous, c’est une certitude, haranguant ses disciples, et l’ultime bataille entre les puissances du bien et celles du mal approche à pas de géant. » Les croyants se rassemblaient, les incrédules commençaient à vaciller, mais tous avaient perçu la frayeur démoniaque qui enveloppait cette révélation. Les étoiles, ce soir-là, brillèrent d’un éclat étrange, et la lueur de la lune sembla porter de sinistres présages. Les subconscients des âmes s’éveillèrent subitement de leur léthargie, résignées à faire face à l’inconnu qui se dressait à l’horizon. Les ruelles de la cité, autrefois baignant dans une douce torpeur, étaient à présent empreintes de panique et de peur. Le surnaturel avait jeté son dévolu sur ce monde, et les prémices du combat final entre les forces du bien et celles du mal à Armageddon s’annonçaient, laissant la destinée du monde incertaine entre la mainmise de l’Antéchrist et ses sbires, et la lutte de ceux qui ont osé défier les ombres du mal, dans l’attente du dénouement, le retour du vrai Christ et l’avènement du Jugement dernier. Aucune bâtisse n’était restée debout, la fumée noire, la poussière et l’odeur des cadavres enveloppaient ce qui restait de la ville ; beaucoup de victimes ont été enterrées vivantes sous les décombres, les hôpitaux submergés tombaient en ruines à leur tour, et les ambulances actives au départ comme des fourmis, avaient cessé de circuler, détruites ou à cours de carburant, Mais les sionistes disciples de l’Antéchrist, ont refusé de cesser le carnage sur ordre de leur maitre ; parmi eux des gouvernants de l’occident ; La franc-maçonnerie et le sionisme avaient inlassablement tissé et préparé depuis des décades, l’empire tentaculaire de l’Antéchrist : du simple Sayanim, aux célébrités, les magnats des
médias, les tenants des bourses, de la technologie, de l’agriculture et de l’industrie, les sociétés occultes et perverses, jusqu’aux gouvernants. L’Antéchrist leur a promis qu’un royaume chimérique sera bâti sur les vestiges du temple de Salomon, et qu’une ville grandiose sera érigée à la place du veau d’or, sur le rivage des roseaux. Mais leurs prophètes, tant Moȋse que Joshua, les avaient avertis de ne pas suivre la voie du mal, et que le veau d’or de la tentation sera les temps derniers l’argent, le pouvoir et la dépravation. Quant au dernier des prophètes, il avait bien annoncé que le vrai Christ redescendra sur terre les temps derniers, pour occire l’Antéchrist et sauver l’humanité. Toutefois, beaucoup de consciences, beaucoup d’hommes libres à travers le monde, des chrétiens, des juifs non sionistes et des musulmans, ont été révoltés du massacre et avaient exprimé leur indignation et leur ras le bol, dont les plus illustres sont Mary Robinson d’Irlande, et Gustavo Petro de Colombie. Les peuples arabes voisins, bien muselés par des souverains normalisateurs acquis au sionisme et craignant pour leurs trônes, regardent impuissants le carnage, la traitrise et la honte étant bues jusqu’à la lie : ils ne peuvent ni combattre, ni secourir, ni même prier pour les palestiniens ; quant aux peuples berbères du Maghreb, et si leur patience est mise à rude épreuve aujourd’hui, ils accompliront bien un jour la prédiction du prophète Mohamed. Puisse la volonté divine sauver les hommes de ce fléau, puisse-t-elle sauver les palestiniens du génocide, et extraire de l’emprise de l’Antéchrist, les vrais disciples de Moȋse. Gaza la martyre revivra alors, et Jérusalem, ville sainte autant pour les musulmans, les chrétiens que les juifs, reviendra à la charte d’Omer le juste.
Abdennacer GUETTAF

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