230 PATIENTS PRIS EN CHARGE DANS LES UNITES COVID D’ORAN : 23 cas en réanimation et 5 décès jeudi dernier
La hausse préoccupante des cas de Covid-19 se répercute nettement sur les nouveaux hôpitaux qui subissent une forte pression depuis près de deux semaines.
Cette situation n’a pas manqué de provoquer certains dysfonctionnements, au détriment d’une bonne prise en charge des malades. Alors que le problème d’approvisionnement en oxygène semble avoir été réglé, l’indisponibilité ou l’insuffisance des manomètres, notamment à grande capacité, pose actuellement plus d’un souci dont les conséquences peuvent être parfois dramatiques. Une situation que les services de la direction de la Santé d’Oran expliquent par les vols récurrents de ces appareils à l’hôpital. Redouane Guelouch, qui a perdu son épouse des suites du Covid-19 après une semaine d’hospitalisation, explique : «Les manomètres à grande capacité (30 et 40 litres) ne sont pas disponibles à l’hôpital de Chetaïbo. Cela contraint le staff médical à brancher les malades à deux manomètres de 15 litres chacun, encore faut-il qu’ils soient disponibles. J’ai vécu un véritable cauchemar, mon épouse avait besoin d’un manomètre de 30 litres qui n’était pas disponible à l’hôpital, coûtant entre 25.000 et 30.000 DA chez le privé, et que j’ai acheté».
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Les manomètres sont volés à l’hôpital
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Le Dr Boukhari, chef du service de prévention à la direction de la Santé et de la Population de la wilaya d’Oran et membre de la commission chargée du suivi de la situation sanitaire, affirme que l’indisponibilité des manomètres à l’hôpital de Chetaïbo est la conséquence d’une série de vols. «Il n’y a pas de problème d’indisponibilité mais de vols. Les familles des malades qui, malheureusement, se rendent en grand nombre à l’hôpital, emportent le manomètre utilisé par leurs proches. Après la troisième vague nous avons reçu un don de 335 manomètres que nous avons distribués aux deux établissements hospitaliers réservés à l’accueil et à la prise en charge des malades de la Covid-19 d’El Karma et Chetaïbo. Chaque chambre disposant d’une installation d’oxygène dispose d’un manomètre. Récemment le Chu d’Oran a acheté 60 manomètres pour l’hôpital d’El Karma. Avec tout cela, on nous dit qu’il y a un manque de manomètres. Ce n’est pas normal», affirme le responsable qui reconnaît par ailleurs l’insuffisance de personnel de sécurité. «Il y a un problème de sécurité à l’intérieur de ces structures. Un agent ne peut pas assurer la sécurité de tout l’hôpital ou d’un pavillon, lui-même est souvent victime d’agression verbale ou physique, même les médecins ne sont pas épargnés. Nous avons donc donné des consignes pour que chaque manomètre soit remis à la pharmacie de l’hôpital, une fois le lit du malade libéré, et obligé les accompagnateurs à déposer leur carte d’identité à l’entrée de l’établissement et de la reprendre après vérification de la chambre». A chaque fois que l’épidémie progresse les tensions montent dans les hôpitaux, «il n’y a pas suffisamment de personnel médical pour gérer la pression sur les hôpitaux si la hausse continue. Le taux d’occupation des deux établissements spécialisés est de 82 %. Il faut que les gens se fassent vacciner, il n’y a pas d’autre solution», insiste le responsable. «Tous les malades admis à l’hôpital ne sont pas vaccinés. Est-ce un hasard ? L’utilité du vaccin est démontrée. Seulement trois patients sur les 265 hospitalisés ont reçu leur vaccin mais ont été admis pour leurs maladies chroniques et non à cause de la Covid-19. Ils ne peuvent pas être gardés dans les services spécialisés au risque de contaminer les autres malades non infectés». La situation sanitaire est de plus en plus inquiétante. Jeudi dernier, la wilaya d’Oran a enregistre plus de 48 cas testés au PCR parmi ceux qui se sont présentés aux différentes structures sanitaires publiques, sans compter les cas confirmés par les autres examens ou recensés dans les établissements privés. Pendant ce temps, la campagne de vaccination est dans un état léthargique. 200 cas seulement ont été recensés jeudi, alors que pas plus de 12.000 personnes ont achevé le cycle des trois doses. Pour ce qui est de l’oxygène, la wilaya s’approvisionne actuellement à hauteur de 20.000 litres/ jour et dispose d’un stock de 100.000 litres. Par ailleurs, près de 50% de la production locale de l’usine de Rayanox est dédiée aux besoins locaux d’Oran.